La prison Juliette Dodu est en passe de devenir un lieu de mémoire. L’histoire du personnage mérite qu’on fasse le détour.
La prison Juliette-Dodu est un centre de détention de l’île de La Réunion. Elle se trouve dans la rue Juliette-Dodu, l’une des plus commerçantes de Saint-Denis. Cette prison se singularise par une grande vétusté qui lui vaut le qualificatif de "la honte de la République". C’est ainsi qu’en décembre 2008, ses pensionnaires ont été transférés vers le centre pénitentiaire de Saint-Denis.
Actuellement on cherche à la transformer en logements sociaux, commerces et parking. Face à ce projet, un "Collectif pour la Mémoire de la Prison Juliette-Dodu" s’est mis sur pied pour revendiquer la création d’un lieu de mémoire sur une partie du site.
Savez-vous qui était Juliette Dodu ?
Julliette Dodu est née à La Réunion, d’une famille originaire du département de l’Indre. A seize ans, elle migre vers la métropole lorsque son père meurt de la fièvre jaune. Elle trouve un travail comme employée auxiliaire du bureau télégraphique de Pithiviers (Loiret) quelques années plus tard, et devient au fil des années directrice du bureau télégraphique de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Elle reçoit le chevalier de la Légion d’honneur en 1878.
Sous le nom de plume de Lipp, elle sort en 1891 un ouvrage consacré à George Sand, l’Éternel Roman. Elle est décède en 1909 chez l’époux de sa sœur, le peintre Odilon Redon.
Une héroïne
C’est pendant la guerre de 1870 qu’elle se distingue. Les Prussiens envahissent Pithiviers le 20 septembre 1870. Le bureau du télégraphe est investi et la famille Dodu est placée à l’étage de la maison. Juliette Dodu a alors l’idée de bricoler une dérivation sur le fil qui passe dans sa chambre. Avec un appareil récepteur, elle intercepte les transmissions des occupants.
Pendant dix-sept jours, la jeune fille détourne ces dépêches vers les autorités françaises à l’insu des Prussiens. Elle épargne de la sorte la vie des 40 000 soldats du général Aurelle de Paladines. Ayant découvert sa ruse, les Prussiens traduisent Juliette Dodu devant la cour martiale, où la condamnation à mort l’a attendue. Cependant l’armistice survient et Juliette Dodu est graciée.