Plus qu’une tradition, le combat de coq est une pratique ancestrale à La Réunion qui est pratiquée de nos jours dans de petits cercles.
Dans l’histoire, le combat de coq aurait fait son apparition en Asie à l’époque de la sédentarisation des premiers agriculteurs dans ces régions. La pratique s’est ensuite répandue en Europe et particulièrement dans l’aristocratie anglaise. Le combat est arrivé aux Etats-Unis où il a été très pratiqué par les premiers présidents, puis au Brésil, dans le reste de l’Amérique latine et en Afrique, seul Madagascar l’a connu. En France, une vingtaine de gallodromes des départements du Nord et du Pas-de-Calais et dans ceux des Dom-Tom continuent de préserver la tradition. Le gallodrome n’est autre que l’endroit où se déroulent les combats de coqs. A La Réunion, le terme "rond" est aussi utilisé pour définir le cercle qui délimite l’espace pour le combat.
En pratique, le combat de coq consiste à placer deux coqs dans le gallodrome. En suivant leur instinct, les deux coqs se battent et simultanément, des paris sont lancés sur le vainqueur. Il existe généralement trois grands types de combats de coqs, mais chaque région a ses propres règles. On distingue d’abord le combat de vitesse qui s’apparente à un duel à l’épée car il est pratiqué avec des ergots artificiels en métal, soit une lame ou une pointe. Ensuite, le combat d’endurance qui ressemble plus à un combat de boxe se pratique avec l’ergot émoussé ou recouvert de bandes de tissu ou d’un capuchon. Le troisième type de combat se pratique avec l’ergot naturel pointu .
A la Réunion, les combats se déroulent à l’ergot naturel et les ergots sont limés jusqu’à ce qu’ils deviennent très aiguisés. Bien que les associations protectrices des animaux s’opposent à cette pratique qu’elles qualifient de cruelle et barbare, La Réunion possède officiellement cinq gallodromes qui disposent tous d’une autorisation préfectorale et sont homologués coutume et tradition. Il existe tant d’autres, mais sont hors la loi. Par ailleurs, le poids des coqs est entre 2,8 à 4 kg. En outre, on distingue deux catégories d’éleveurs et de propriétaires à La Réunion. Il y a en premier lieu les "petits cageots" qui sont des propriétaires d’une vingtaine de coqs. Les "grands cageots" quant à eux sont des propriétaires qui ont jusqu’à une centaine de coqs.
Le rendez-vous annuel des passionnés du combat de coqs se tient de mi-octobre à mi-mars lors du championnat réunionnais de bataille coqs. Durant cette période, les gallodromes d’une capacité de 400 à 600 personnes sont ouverts au public. L’entrée est gratuite et lors des tournois, le gérant du gallodrome se charge de gérer les mises qui se font toujours en espèces et pendant lesquelles les billets passent de main en main.
Qu’en est-il des coqs ? Les coqs de combats ont débarqué à l’île de La Réunion avec les indiens lors de l’abolition de l’esclavage. Plus qu’un simple animal, ils sont considérés comme des vrais athlètes et ils se lancent dans le combat dès l’âge d’un an. Une fois sélectionnés, les coqs de combat sont vaccinés, bien préparés et suivent un entraînement rigoureux. Lorsqu’ils ont terminé leur dernier combat, les champions deviennent reproducteurs pour pouvoir conserver la race des champions. Concernant cette race, les plus connues sont Terminator, un coq rayé jaune 1992, 1994, Goliath de la même époque et Jack le Borgne, un coq cendré dont le nom a été baptisé à cause de son œil perdu pendant un combat. En outre, le prix d’un coq bataille peut atteindre 3 000 euros à l’achat et il peut coûter encore plus cher.
Entrons dans le combat proprement dit. Tout commence par l’heure de la "provocation", le moment fatidique qui engagera les différents combats. Les coqs sont installés face à face dans le rond afin de déterminer leur combativité. Une fois que les propriétaires sont d’accord pour l’affrontement, l’étape suivante est celle de la pesée et ensuite la fixation de la mise. Une partie se divise en différents rounds. A la fin du combat, deux cas peuvent se présenter : soit l’un des coqs abandonne et fuit le combat, soit les propriétaires stoppent la bataille lorsque l’animal est assez abattu. En effet, l’objectif n’est pas de combattre à la mort. En général, l’ambiance est assez tendue lors des combats sachant que les paris peuvent être assez élevés et varient entre 200 et 5 000 euros.