Le Paris Saint-Germain est visé par de graves dysfonctionnements dans la méthode de recrutement des jeunes joueurs. Selon Mediapart, ces derniers sont fichés ethniquement. Le club reconnaît mais souligne qu’il s’agissait d’une "initiative personnelle".
"Français", "Maghrébin", "Africain", "Antillais"… c’est ce qui est apparu en toutes lettres pendant plusieurs années, sur les fiches de nombreux jeunes suivis par le PSG, entre 2013 et 2018. D’après Mediapart, qui révèle l’affaire du Football Leaks, ces mentions ethniques ont été utilisées par la cellule qui s’occupait du recrutement hors Ile-de-France. Marc Westerloppe, le responsable de cette cellule, aurait déclaré en interne qu’il faut "un équilibre sur la mixité, trop d’antillais et d’africains à Paris".
Selon Marc Westerloppe, la consigne viendrait "de la direction". Mais lors d’une réunion houleuse, plusieurs participants s’insurgent. Informée, la DRH s’inquiète et Marc Westerloppe est finalement convoqué par la direction pour un entretien préalable à une sanction, mais jamais prononcée. Face à la direction, le recruteur se dit victime d’accusations malveillantes, et il est finalement "blanchi".
Quelques heures après les révélations du site Mediapart, le club a publié un communiqué. Le PSG "confirme que des formulaires avec des contenus illégaux ont été utilisés par la cellule de recrutement du centre de formation". Mais le club dénonce dans cette déclaration une "initiative personnelle du responsable de ce département".
Le club affirme en avoir découvert l’existence quand les journalistes qui enquêtaient sur le dossier l’ont contacté, le mois dernier. Soit 4 ans après la fameuse réunion et l’entretien évoqués par Mediapart. "Honnêtement, le ciel leur est tombé sur la tête", affirme Malek Boutih, mandaté par le club pour s’exprimer sur ce dossier, en tant que membre de la fondation PSG.
Interrogé par L’Equipe, Jean-Claude Blanc, directeur général adjoint du PSG, a répété que ces critères ethniques de recrutement n’étaient pas une consigne du club venue d’en haut mais bien l’initiative personnelle de Marc Westerlopppe. "Le système a démarré à l’arrivée de Marc Westerloppe, affirme Blanc. Et les recruteurs ont rajouté, à la demande de Westerloppe semble-t-il, ce critère qui est illégal et inadmissible", a-t-il lancé.
La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, n’a pas tardé à réagir à l’affaire du fichage ethnique au PSG, pour dire sa "consternation". "Si ces faits de discrimination sont avérés, ils sont passibles de sanctions disciplinaires voire pénales. On ne peut pas tolérer que des personnes soient identifiées, recrutées selon leur couleur de peau ou leur origine", a affirmé la ministre.
Football Leaks : Les recruteurs du PSG accusés de fichage ethnique, le club ouvre une enquête interne https://t.co/9b9mThv1qG via @20minutesSport pic.twitter.com/guaL9l9C9X
— 20 Minutes Sport (@20minutesSport) 8 novembre 2018
[#Discrimination] Le PSG a fiché et recruté des joueurs selon leur origine ethnique. #FootballLeaks https://t.co/nrG3kMgTl4
— Mediapart (@Mediapart) 8 novembre 2018
Le @PSG_inside a reconnu l’existence au sein de son centre de recrutement de fichiers "illégaux" sur une base ethnique et dénonce des initiatives individuelles. Nous ne pouvons pas en rester là et les responsabilités doivent être établies. La @_LICRA_ saisit la justice. https://t.co/wzryKPlilo
— LICRA (@_LICRA_) 8 novembre 2018