Coup de projecteur sur des traileurs anonymes qui participent au Grand Raid 2023. Julien Capelotar, 42 ans, participe au Trail de Bourbon, 1 an et demi après une grosse opération au genou et que les médecins lui ont dit "qu’il ne pourrait potentiellement plus jamais courir".
C’est la première fois que Julien Capelotar, 42 ans, réunionnais d’origine participe au Grand Raid.
Passionné de football, et pratiquant pendant environ 30 ans, c’est récemment qu’il s’est mis à la course de montagne.
En effet, des blessures à répétition ont eu raison de lui. Le football, considéré comme un sport de contact lui a créé de multiples lésions pendant sa pratique. Et la dernière sera la pire.
"J’ai vu ma vie s’arrêter"
En janvier 2022, "pendant un foot entre amis", Julien se déchire le ménisque, "bêtement", ajoute-t-il. De là, l’avis médical n’est pas bon, "mais il ne pouvait pas se prononcer sur la gravité". Pourtant, il lui disent, "il faut opérer, et il est possible que je ne puisse plus jamais courir. Là, j’ai vu ma vie s’arrêter. Le sport c’est toute ma vie, c’est mon leitmotiv".
Déterminé, Julien continue d’y croire et se fait opérer, en septembre 2022. Une opération qui se passe relativement bien. Et Julien lui, se projette rapidement. Malgré l’avis médical, il se lance un premier défi, celui de participer au marathon de Los Angeles, en mars 2023, soit 6 mois après son opération. Un défi fou, que Julien réalisera dans un temps honorable (4h15).
"Quand tu souffres, tu sais que tu existes"
Désormais rêveur, les ailes déployées, dès son retour sur son île, il vise haut, voire très haut. Malgré les difficultés, il s’intéresse à l’ultra-trail et notamment la Mascareignes, du Grand Raid. Après s’être qualifié, il ne sera finalement pas tiré au sort pour cette course. Il rebondit sur le trail de Bourbon (110km, 6000m de dénivelé positif).
Il s’explique, "le marathon, c’est ce qui m’a motivé à continuer dans la course. Ca m’a permis de me sentir vivre. Quand tu souffres, tu sais que tu es sur terre, que tu existes. Et c’est ce que je recherche aujourd’hui".
En quelques mois, il s’entraîne d’arrache-pied. Il abandonne toute autre discipline et cours en montagne "trois à quatre fois par semaine".
"Le Grand Raid, ce n’est pas la gagne !"
Et même si au début, "je parlais du Grand Raid pour rigoler", aujourd’hui ce n’est plus une blague. Et pour ce dernier, "le Grand Raid, ce n’est pas la gagne, c’est une introspection. On est seul face à nous-même. Ca nous permet de nous poser les bonnes questions. D’être dans le dur, d’avoir mal partout, c’est un travail. Et si je le fais, c’est que je veux me surpasser, me dépasser pour aller au bout de mes objectifs. Je ne cesserais jamais de me lancer des défis".
Désormais, place à la course pour le quarantenaire réunionnais, père célibataire d’une jeune adolescente. Départ ce vendredi, 20h à Cilaos. Julien espère terminer la course en moins de 34 heures. Mais comme il l’a précisé précédemment, peu importe le résultat, "l’intérêt, c’est de se sentir vivant et d’être face à soi-même".