L’absence d’eau douce et la difficulté d’accès ont préservé l’atoll d’Aldabra de l’interférence de l’homme et protéger ainsi ses richesses principales, notamment le Geochelone gigantea ou l’une des espèces de tortues terrestres les plus gigantesques au monde. Chez cette population de reptiles à carapace, les mâles peuvent atteindre 1,20m de long et peser jusqu’à 300 kg.
Pouvant vivre jusqu’à 250 ans, ces tortues géantes - qui se nourrissent principalement d’herbe et d’arbustes - sont actuellement plus de 100 000 à habiter cet atoll seychellois, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Aldabra est l’un des plus vastes atolls du monde. Situé à plus de 1.200 km au sud de Mahé, principale île des Seychelles, il a une superficie de 350ha, dont 150ha de terres émergées réparties sur quatre grandes îles de corail.
Avec des encadrements très stricts, notamment pour les visites touristiques, l’atoll constitue l’un des derniers refuges quasi-vierges pour les tortues terrestres géantes mais aussi pour plus de 400 espèces et sous-espèces endémiques (vertébrés, invertébrés et plantes).
Pour pouvoir visiter cet endroit paradisiaque, les touristes doivent former un groupe de 30 personnes, le quota maximum autorisé afin de respecter l’environnement naturel dans lequel évoluent les habitants de l’atoll, des occupants dont une quinzaine seulement sont des hommes qui ont fait de ce sanctuaire un laboratoire naturel pour comprendre comment vivaient les tortues au moment où elles étaient tout en haut de la chaîne alimentaire, sans prédateur carnivore.
Aldabra ne compte ainsi que des scientifiques (4), des gardes qui contrôlent les allées et venues des touristes, du personnel administratif, un cuisinier…L’équipe récupère les eaux de pluies et exploite l’énergie solaire pour avoir de l’électricité.
Les 100€ récoltés pour les droits de visites, servent par ailleurs à financer la gestion de ce sanctuaire où vivent également une importante population d’oiseaux, de tortues Vertes, une espèce marine dont la survie est également très menacée ailleurs mais que l’atoll d’Aldabra a accueilli, ayant permis ainsi à ce reptile à carapace de se multiplier.
"En février, c’est le pic de la saison de reproduction, tous les jours on enregistre de 30 à 40 traces de tortues vertes qui montent pondre leurs œufs [ ... ] sur l’île de Picard", une des quatre îles de l’atoll, indique Janske Van de Crommercker, coordinatrice scientifique à la Seychelles Island Foundation (SIF). Cette scientifique explique qu’avec un émetteur implanté dans six Tortues vertes, il a été prouvé qu’après avoir pondu, ces reptiles marins « se dispersaient un peu partout dans l’océan Indien ». Certains "partent vers le continent africain, au Kenya, une autre est passée aux Comores et se trouve actuellement à Madagascar et une autre se trouve du côté d’Arros", une autre île des Seychelles, précise-t-elle.
Pour revenir au cas des tortues géantes, « il ne reste que deux endroits sur terre où vit une importante population » de cet animal terrestre, selon une autre scientifique, le Dr Jeanne Mortimer. Il s’agit d’ « Aldabra et des Galapagos, mais les deux espèces sont différentes ». Seulement sur cet archipel de l’Équateur, entre 30 000 à 40 000 individus sont recensés actuellement contre 100 000 à Aldabra.
Mais malgré les conditions de survie très favorables qu’offre l’atoll seychellois à ce type de reptile, les menaces sont bien réelles dont les changements climatiques, les marées noires et les perturbations que pourraient engendrer les différentes
exploitations pétrolières prévues aux Seychelles.