Une jeune femme d’une trentaine d’années a décidé de livrer son histoire concernant les circonstances qui l’ont amené à vivre clandestinement à Mayotte.
Le récit de Marina, une jeune maman d’origine malgache, a été recueilli par le Journal de Mayotte. Âgée de 34 ans, elle a abandonné toute sa vie à Madagascar pour rejoindre Mayotte.
Comme elle le raconte au média, la femme originaire de Nosy Be n’a jamais eu l’intention de partir avant de rencontrer son "fameux amoureux". "Je vivais bien à Nosy-Be, ma famille n’est pas trop pauvre. D’ailleurs quand cet homme m’a proposé de venir le rejoindre à Mayotte, j’ai d’abord dit non", précise-t-elle aux journalistes. Célibataire à l’époque, la jeune femme vivait tranquillement avec l’argent qu’elle gagnait avec son petit commerce d’habits. Marina a connu son prétendant sur les réseaux sociaux. Il lui a fait de grandes promesses pour l’amadouer. Son amoureux a même fait le déplacement jusqu’à Nosy Be pour la convaincre de tout quitter. Le monsieur lui a fait miroiter un autre train de vie. "Tu pourras gagner de 200 à 400 euros par mois en gardant des enfants ou en faisant des ménages", assurait-il.
Subjuguée et sous son emprise, la Malgache entreprend les démarches pour partir et cherche un passeur. Rapidement, elle en contacte un, le trajet va lui coûter 700 euros. Ses frais ont été réglés par son petit ami. Malheureusement, le voyage va mal se passer, elle et les autres passagers n’arriveront jamais à bon port. Le passeur a arnaqué les voyageurs, prétextant, un manque de carburant, il va les laisser sur une île qui est localisée à deux heures de Nosy Be. L’escroc s’est enfui avec l’argent du voyage en poches. Heureusement, les paysans sur place ont pu aider les passagers à se nourrir. Ils ont quand même pu contacter leurs familles et revenir à Nosy Be.
Loin de se décourager par cette mauvaise expérience, Marina compte bien retenter l’aventure. Elle reste sourde face aux mises en garde de ses proches. Pire encore, son chéri ne voulait plus lui donner des sous pour financer le trajet. "Il ne me croyait pas et pensait que c’était moi qui avait dépensé l’argent !", explique-t-elle. Âgée de 29 ans à l’époque, elle a demandé de l’argent à ses sœurs pour quitter Madagascar. Cette fois-ci pas d’enterloupe de la part du conducteur de kwassa kwassa. La météo n’était pas clémente et les pannes techniques étaient au rendez-vous.
Après 16h en mer, la jeune femme pose enfin le pied sur les plages mahoraises. Le voyage était éprouvant et la suite de son aventure était encore pire. Son copain est venu la ramener à Majicavo mais un détail clochait, il était loin d’être libre. Jeune papa et marié, il ne pouvait pas garder Marina chez lui. En plus, il a invité une autre Malgache à le rejoindre. Le fiancé n’avait qu’une place de troisième épouse à lui proposer.
Furieuse, Marina s’en va avec une somme de 120 euros offerts par son amoureux. Elle va être logée chez une copine à Petite-Terre, elle commence à faire des petits boulots qui vont mal se terminer. Coincée à Mayotte à cause des restrictions COVID, sa copine va lui soumettre l’idée de trouver quelqu’un sur les sites de rencontre. Hésitante au début, elle accepte finalement. Après quelques péripéties, elle va rencontrer l’amour, ils accueillent leur premier enfant.
La jeune femme va vivre clandestinement à Mayotte mais pense toujours à rentrer chez elle. "A Mayotte je ne suis pas libre. A chaque fois que je sors, j’ai peur de la police donc je ne sors presque jamais", déplore-t-elle. Son compagnon va lui suggérer de vivre ensemble sur l’île de Nosy Be, une proposition qu’elle a acceptée. Son aventure à Mayotte a échaudé Marina. "Tout le monde croit que c’est le paradis à Mayotte. Et même quand on leur dit que ce n’est pas vrai, ils ne nous croient pas. Ils nous disent ’si ce n’est pas vrai, pourquoi tu es encore là-bas ?’", relate-t-elle.