A Mayotte, un homme transportant 25 kg de viande de tortue a été condamné par le tribunal, lundi. "Les braconniers commencent à avoir peur", selon la responsable de l’association Oulanga na nyamba.
Un homme transportant 25 kg de viande de tortue a été interpellé avant d’être jugé en comparution immédiate devant le tribunal à Mayotte. Il a été condamné à 6 mois de prison et à payer 1 000 euros de dommages et intérêts pour chacune des trois associations parties civiles : Oulanga na nyamba, Les naturalistes de Mayotte et Sea Shepherd. Par rapport aux faits commis par cet individu, cette peine est lourde, note le Journal de Mayotte.
Selon Jeanne Wagner, directrice de l’association Oulanga na nyamba, cette petite victoire est due à la mobilisation de nombreux acteurs qui ont instauré toute une chaîne pour lutter contre le trafic de tortues. "Nous travaillons tous étroitement, notamment avec la gendarmerie maritime qui est le directeur d’enquête pour les affaires de braconnage", a expliqué la responsable.
Un homme a pris la barge avec un sac taché de sang et dégageant une odeur nauséabonde. Pour ne pas se faire remarquer, il n’a pas déposé son bagage près de lui, et au moment de sortir, il a également laissé le sac dans la barge.
Ainsi, le transporteur a échappé aux agents des Affaires maritimes attendant au débarcadère. Ces derniers ont retrouvé le sac de 25 kilos de viande de tortue, mais pas celui qui l’avait transporté. Quelques heures plus tard, l’individu a été appréhendé après être remonté au bord du navire, grâce aux images de la vidéosurveillance.
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La directrice de l’association partie civile a estimé que 3 000 euros de dommages et intérêts est une peine lourde pour un pêcheur. "Après nous, on n’est jamais vraiment satisfait de ces peines, il faudrait peut-être être encore plus dissuasif, mais on a senti au regard des faits et du réquisitoire du procureur notamment, qu’il y avait une vraie détermination", a-t-elle renchéri.
Jeanne Wagner, a aussi précisé que la double mobilisation d’acteurs de terrain et de l’institution judiciaire qui "met la pression", a donné un bon résultat.
"Les braconniers commencent à avoir peur, on le voit notamment à force de patrouilles en Petite-Terre", a-t-elle analysé.
Cependant, elle a prévenu que plus on met la pression sur les braconniers, plus ces derniers vont chercher d’autres moyens de contourner, de passer entre les mailles du filet, de trouver d’autres techniques ou d’autres lieux de braconnage. A son avis, si le trafic de viande existe toujours, les tortues seront chassées et tuées en raison des personnes en quête d’argent.
Elle a ainsi proposé que l’issue vienne plutôt de la sensibilisation et de la pédagogie, des objectifs de Kaz’a nyamba ou la maison des tortues. Effectivement, ce projet de l’association devrait voir le jour en 2022.
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