Le ministère de la Justice a publié son rapport mensuel sur les statistiques des personnes écrouées et détenues en France. A Mayotte, la majorité des détenus n’est pas condamnée.
En juin 2016, la prison de Majicavo avait dépassé sa capacité d’accueil. Selon les nouvelles statistiques publiées sur le site du ministère de la Justice, au 18 juillet 2018, sur les 278 places disponibles, 305 personnes y sont détenues soit une densité de 109%.
Dans le détail, le centre pénitencier de Majicavo se place sous la moyenne des prisons d’outre-mer, précise le Journal de Mayotte. Sur les 305 personnes incarcérées, pas moins de 171 sont en attente de procès. "Un peu plus de 56% des personnes emprisonnées à Majicavo ne sont pas condamnés", révèle le rapport. Parmi eux 46 sont en attente d’un procès en correctionnel et 125 en cours d’assise. Autre statistique intéressante : une seule femme est recensée parmi les détenus.
Comme l’explique le procureur de la République Camille Miansoni, la structure des crimes à Mayotte favorisent la très haute proportion de détenus en attente de procès. Les viols et les violences sont les types de faits principalement concernés par ces affaires criminelles. Le procureur précise en outre qu’il y a peu d’homicides mais "l’utilisation du chombo criminalise les violences". "Avec une telle arme, la victime a souvent des infirmités permanentes", note le procureur. Ces graves blessures, et surtout leur caractère irréversible, font basculer les violences du délit au crime.
A Mayotte, la détention préventive est en outre réduite en l’absence de garanties de représentation. En effet, la majorité des détenus ne peut attester d’un domicile, ce qui rend impossible les mesures de contrôle judiciaire avant un procès. Pour les mêmes raisons, seuls 4,3% de détenus condamnés bénéficient de mesures d’aménagement de peine. Ils sont en moyenne, autour de 20% en métropole et 16,6% en outre-mer. La pose d’un bracelet électronique en alternative à l’incarcération ne peut ainsi se faire sans un lieu de référence à partir duquel l’ex-détenu est autorisé à évoluer. Au final, la prison est le lieu le plus sûr pour que le suspect ne récidive.
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