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Les litiges juridiques persistent à Mayotte par rapport à l’opération visant notamment à éliminer les habitations insalubres sur l’île. Une famille opposée à l’évacuation d’un bidonville a lancé un recours devant la justice, en vain.
L’opération "Wuambushu" lancée à Mayotte vise à lutter contre l’immigration clandestine, réduire la proportion d’habitats insalubres et combattre la délinquance. Plusieurs arrêtés ont été déjà émis et d’autres devraient être pris "dans les prochaines semaines afin d’atteindre l’objectif de destruction de 1 000 logements insalubres", selon le préfet Thierry Suquet. Alors que le quartier Barakani (nord-est) fait l’objet d’un arrêté pris le 12 avril, une famille s’est opposée à l’évacuation du bidonville. Elle a lancé un recours devant la justice, car les habitants n’auraient aucune solution de relogement ou d’hébergement d’urgence effective.
Vendredi 9 juin, la justice administrative de Mayotte a rejeté ce recours. A l’issue de l’audience du 5 juin, Me Marjane Ghaem, avocate spécialisée dans les droits des étrangers, a affirmé qu’une solution a été avancée. "Un logement de 50 m² au centre d’hébergement d’urgence et d’insertion Coalia, situé au sud de Mamoudzou" a été proposée à ce foyer de 9 personnes "pour une durée de 6 mois". Cependant, "cette offre ne correspond pas à leurs besoins". Il est donc probable que ce quartier informel soit rapidement détruit.
Malgré la mention des risques sanitaires, l’argument a été rejeté par le juge des référés du tribunal administratif de Mayotte. Dans son ordonnance, celui-ci a indiqué que "les solutions de relogement proposées concernent l’ensemble des familles des requérantes", mais elles n’auraient pas donné suite. Par ailleurs, le tribunal a souligné qu’un rapport de l’ARS a mis en évidence les risques sanitaires dans les conditions d’hébergement du site. Un procès-verbal de la gendarmerie fait en outre état de nombreux troubles à l’ordre public et des affrontements violents dans cette partie.