Depuis le 21 mars 2022, la mort par armes à feu des chiens errants est autorisée par le préfet de Mayotte afin de réguler leur population sur le territoire. Pour la présidente de l’Association pour l’Education à la Bienveillance Animale (APEBA), une telle décision est “interdite dans le droit français”.
C’est une décision qui risque de faire couler beaucoup d’encre. Le préfet de Mayotte a signé un arrêté le 21 mars 2022 portant sur la “régulation administrative des meutes canines posant des problèmes de sécurité, errantes ou dressées au combat et utilisées comme armes par destination sur le territoire de Mayotte”. Une information qui a d’abord été relayée par nos confrères du Journal de l’île.
“Des opérations administratives de destruction de ces meutes, nécessitant le recours à des armes à feu, pourront être ordonnées en urgence sur demande de l’autorité requérante, qu’il s’agisse de la Préfecture, de la Police, ou de la Gendarmerie Nationale, pour la sécurité des personnes et des forces de l’ordre, de la DAAF pour la protection de la faune alimentaire, de la DEAL pour la protection de la faune sauvage protégée (tortues marines)”, peut-on lire.
“Le Lieutenant de louveterie, seul ou en binôme avec une personne qu’il aura désigné, compte tenu des circonstances et de ses compétences, est requis pour réaliser ces opérations sous la coordination opérationnelle de l’autorité requérante. La Gendarmerie, la Police Nationale et la police Municipale pourront être requises pour prêter aide et assistance en fonction de la mission”, indique-t-on.
Selon l’Association pour l’Education à la Bienveillance Animale (APEBA), cette décision serait “interdite dans la loi française”. “A Mayotte, on est dans un contexte compliqué. La maltraitance y est très élevée. Mais sur quels chiffres s’est basé le préfet pour prendre sa décision ? Combien y-a-t-il de chiens errants ? D’attaques ?”, se demande Cécile Squarzoni, vétérinaire et présidente de l’association APEBA.
Pour cette dernière, il est “trop facile de tirer sur des chiens errants alors qu’il faut mettre en place des mesures qui fonctionnent pour le contrôle des carnivores domestiques, comme la gestion des abandons, la stérilisation, la lutte contre le trafic”. “On ne tire pas sur des chiens errants sans avoir mis en place, ou du moins essayé, de mettre ces mesures en place. On est sur le territoire français. On ne tire pas à vue sur des chiens. On ne fait pas ça sans avoir fait une évaluation de la situation”, poursuit-elle.
Questionnée si le préfet de La Réunion pourrait mettre en place un arrêté similaire sur l’île, Cécile Squarzoni répond par la négative. “Le préfet ne pourrait pas faire ça à La Réunion. Le tissu associatif est beaucoup plus développé ici. A Mayotte, malheureusement, il n’y a pas beaucoup de soutien pour la cause animale”, regrette-t-elle.
Cécile Squarzoni dit d’ailleurs se joindre à l’association Stéphane LAMART « Pour la défense des droits des animaux », une association d’envergure nationale reconnue d’utilité publique, pour dénoncer cette décision du préfet de Mayotte. Selon nos confrères du JIR, cette association “vient de saisir l’un de ses avocats en métropole pour s’opposer à l’arrêté du 21 mars 2022” pris par le préfet de Mayotte.