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Le cyclone Chido a dévasté l’île le 14 décembre 2024. Face à l’afflux de patients et aux dommages causés au Centre hospitalier de Mayotte (CHM), un hôpital de campagne, l’Escrim, a été instaurée en urgence.
Cette structure temporaire, présentée comme une solution de crise, a permis de désengorger le Centre Hôspitalier de Mayotte et de prendre en charge près de 7 000 patients.
L’Escrim a clôturé sa mission au début du mois de février 2025, laissant derrière lui un hôpital qui peine à se relever.
Début février, l’hôpital de campagne a cessé ses activités, laissant place à une structure plus réduite, la SSFMT (Secouristes sans frontières medical team), qui accueille entre 80 et 100 patients par jour, mais sans lits d’hospitalisation ni bloc opératoire. Selon Sergio Albarello, directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte, cette structure pourrait fonctionner jusqu’à fin mars si la situation l’exige.
Au plus fort de l’activité, l’unité médicale mobile, désignée par l’acronyme Escrim (Élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale), a comptabilisé jusqu’à 400 consultations. Le centre de santé provisoire a réalisé 20 interventions chirurgicales quotidiennes.
L’hôpital de Mayotte continue de faire face à d’importantes difficultés. Les urgences enregistrent une hausse des consultations, notamment pour des plaies et des traumatismes, conséquences directes du cyclone. Les troubles digestifs restent également un problème majeur, avec un taux de prélèvements de selles positifs pour des pathogènes entériques qui se maintient à un niveau élevé (79%). Les infrastructures du CHM, endommagées par le cyclone, ne sont toujours pas totalement opérationnelles, et des patients doivent encore dormir dans les couloirs.
Le CHM souffre d’une pénurie chronique de personnel soignant, un problème antérieur au cyclone, mais qui s’est aggravé depuis. La situation a été amplifiée par la difficulté à recruter du personnel. Déjà sous tension avant la catastrophe, l’établissement peine à retenir ses soignants. Certains ont quitté l’île après avoir perdu leur logement. Pour tenter d’y remédier, un projet de base de vie modulaire est à l’étude afin de loger les équipes médicales. Mais selon Ousseni Balahachi, infirmier et syndicaliste CFDT, ces efforts restent insuffisants. « Nous étions déjà en sous-effectif avant Chido, et maintenant, attirer du personnel dans ces conditions devient encore plus compliqué. ».
Le directeur de l’établissement hospitalier, Jean-Mathieu Defour, évoque des projets de logements modulaires pour attirer et retenir le personnel, mais ces solutions tardent à se concrétiser. Les soignants s’inquiètent de la situation et se demandent comment attirer du personnel dans ces conditions de travail difficiles.
De nombreuses évacuations sanitaires sont organisées vers La Réunion en raison du manque de moyens locaux.