La démolition du bidonville de Mavadzani est "la plus grosse opération jamais réalisée à Mayotte". Au total, 465 cases en tôle seront concernées.
L’opération de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI) à Mavadzani-Mouinajou marque un tournant dans la lutte contre l’habitat précaire à Mayotte. Cette intervention de grande envergure, qui débute ce lundi, vise à démolir 465 cases en tôle sur 5 hectares dans le bidonville de Mavadzani. Elle témoigne de la détérioration rapide des logements depuis leur recensement initial en 2021. L’initiative s’inscrit dans le cadre du NPRU (Nouveau Programme de Renouvellement Urbain), ciblant un secteur stratégique reliant les quartiers de Koropa et Lamir. Sous l’égide de la mairie de Koungou, les terrains récupérés seront transformés en une vaste ZAC (Zone d’Aménagement Concertée), intégrant 900 logements modernes, des écoles, et des commerces. Ce projet entend répondre à la demande croissante de logements sociaux, freinée jusqu’à présent par des défis logistiques et administratifs.
Mayotte fait face à une crise du logement qui touche la majorité de sa population. Selon l’INSEE, près de 60 % des logements manquent de confort sanitaire, avec une absence fréquente d’eau courante, de toilettes ou de douches. Cette précarité se manifeste particulièrement à Mavadzani-Mouinajou, où les conditions de vie se sont dégradées au point d’attirer l’attention nationale, comme lors de la visite marquante d’Élisabeth Borne en 2022. D’après le JDM, l’opération repose sur la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) Vivien, une procédure permettant de responsabiliser les propriétaires fonciers de terrains insalubres. Ceux-ci sont tenus de remédier à l’état de leurs biens sous peine de les voir saisis par l’État. Dans ce cas, les propriétaires récupèrent une compensation partielle basée sur l’estimation de France Domaine, mais doivent assumer les coûts de démolition et de dépollution.
Cette opération de grande envergure, couplée à d’autres initiatives comme le projet Carobole à proximité, illustre la volonté des autorités locales et nationales de transformer durablement le paysage urbain de Mayotte. En intégrant une approche globale alliant résorption de l’habitat insalubre, maîtrise foncière et développement de nouveaux quartiers, elle promet d’améliorer les conditions de vie sur l’île. Elle permet aussi de conforter les défis structurels liés à une croissance démographique rapide et un contexte migratoire complexe.
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