La vulnérabilité de Mayotte face aux maladies zoonotiques

Mayotte est particulièrement vulnérable aux maladies zoonotiques, ce qui rend crucial le travail de protection de la santé animale et humaine. Emmanuel Laury, chef de l’unité santé et protection animale à la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF) de Mayotte, répète souvent qu’il s’agit d’« un thème d’intérêt croissant pour la société ». Selon le Journal de Mayotte, son rôle consiste à appliquer la réglementation en matière de santé et de protection animale, en suivant une approche One Health, qui intègre la santé des animaux et des humains.

« On va essayer de surveiller ces maladies »

Le territoire compte environ 5 300 élevages de bovins, avec une moyenne de 4,3 têtes par élevage. Le contrôle des ruminants, tels que chèvres et moutons, est une tâche complexe, et les associations de protection animale jouent un rôle essentiel en dénonçant les pratiques d’élevage inadaptées. Les services sanitaires surveillent et combattent les maladies existantes et préviennent l’apparition de nouvelles zoonoses, en mettant en place des systèmes d’alerte robustes. Par exemple, les autorités euthanasient systématiquement les animaux interceptés par kwassa-kwassa pour éviter l’introduction de maladies contagieuses comme la fièvre aphteuse. « On va essayer de surveiller ces maladies, l’objectif est de savoir quelles maladies circulent dans les cheptels, et avoir un système d’alerte robuste sur les maladies réglementées », a déclaré Emmanuel Laury, sur appui du règlement européen, la Loi de Santé Animale (LSA).

Réactivation du plan national d’intervention sanitaire

L’absence d’abattoir pour bovins à Mayotte complique la situation, car les éleveurs abattent eux-mêmes leurs bêtes, souvent sans déclaration officielle. « L’important pour l’éleveur est de déclarer tout animal malade à son vétérinaire pour surveiller ces maladies et être vigilant car la première personne à risque d’être contaminé, c’est l’éleveur lui-même », précise Emmanuel Laury. La fièvre de la vallée du Rift (VFVR), survenue entre 2018 et 2019, a souligné la nécessité de renforcer les systèmes de prévention et d’alerte. Bien que la prévalence de la maladie ait diminué, la baisse progressive de l’immunité augmente les risques de nouvelles épidémies. En réponse à ces défis, une charte sanitaire a été adoptée pour limiter l’importation de ruminants, imposant des tests stricts et une quarantaine pour les animaux importés.
Le plan national d’intervention sanitaire (PNISU) a été réactivé pour mieux préparer les autorités en cas d’urgence. Mayotte doit également faire face à d’autres problématiques, comme la maltraitance animale manifeste chez les chiens et chats errants et la question du foncier pour les zébus. Le lagon de Mayotte abrite des espèces protégées, telles que les tortues, pour lesquelles un centre de soins est en cours de création.

Plus de détails dans le Journal de Mayotte