Policiers, gendarmes, magistrats, enseignants et personnels hospitaliers sont en grève à Mayotte pour dénoncer l’imposition des indemnités d’éloignement voulue par l’Etat. Leur mouvement se poursuit jusqu’à jeudi.
Depuis hier, les services publics mahorais - police, gendarmerie, justice, enseignement et milieu hospitalier- sont touchés par une grève. Les manifestants qui étaient un millier à s’être mobilisés lundi dénoncent la mesure du gouvernement visant à fiscaliser les indemnités d’éloignement dont peuvent jouir tout fonctionnaire désirant se rendre à Mayotte.
Le ministre des Outre-mer avait rappelé ce « principe républicain » des redevables lors d’une séance à l’Assemblée nationale précédemment. Face à la grogne des fonctionnaires, il avait déclaré par la suite que la mesure ne concerne pas la prime pour 2013 mais qu’« à partir des revenus de 2014, il faudra payer ».
Son annonce semble ne pas avoir été au goût des syndicalistes qui ont décidé d’enclencher un mouvement de protestation hier à Mamoudzou.
« Le gouvernement a la ferme intention d’imposer nos indemnités d’éloignement qui n’avaient jamais été imposées jusqu’à présent. Cela ne nous avait pas été signifié avant que nous venions à Mayotte », s’est offusquée Chedlia El Falah, professeur de lettres au lycée de Pamandzi en Petite-terre. Ce membre du bureau du Snes-FSU est même arrivé à parler d’« une trahison du contrat moral » de la part du gouvernement.
Une imposition de ces indemnités « affecterait clairement l’attractivité » des postes proposés à Mayotte étant donné la cherté de la vie sur place, notamment pour les produits alimentaires, les loyers ou encore les frais de transports aériens estime Stéphane Noirot, représentant du Collectif du bloc opératoire du CHM.
Chedlia El Falah rejoint sa déclaration en rajoutant que des « salaires bas » comme ceux appliqués dans le département, doivent être soutenus par une « indemnisation du service rendu à l’Etat » sinon, venir à Mayotte ne représentera aucun intérêt aux fonctionnaires.
« Nous avons déjà pas mal de collègues qui nous ont signifié leur volonté de repartir en France métropolitaine », affirme-t-elle, estimant que « si le gouvernement veut voir des fonctionnaires venir travailler ici et former les futurs cadres mahorais, ça a un coût. Il doit prendre ses responsabilités ».
Selon une information relayée par Nouvel Observateur, la mobilisation se poursuit sur l’île. Devant le Centre hospitalier de Mayotte (CHM) ce mardi, au Tribunal de Mamoudzou mercredi de façon à empêcher la tenue de toutes audiences et devant la préfecture de Petite-Terre jeudi.
Dans l’enseignement, les mouvements de grèves touchent principalement les collèges et lycées qui continueront à fermer leur porte jusqu’à ce jeudi. Concernant la manifestation d’hier, les grévistes affirment avoir paralysé 80% des écoles.
Se défendant contre toute allégation selon laquelle les grévistes utilisent les élèves pour faire valoir leur revendication, Thierry Wuillez, co-secrétaire du Snes-FSU Mayotte, déclare : « Ce n’est pas nous qui prenons les élèves en otages, ce sont les collègues enseignants qui sont pris en otages. On leur donne des conditions quand ils viennent à Mayotte et on les change en cours de route ».
Le mouvement enclenché depuis lundi « n’est pas une grève (mais) une véritable révolte contre la façon de gouverner de François Hollande », assène-t-il.