Après les intempéries, le lagon du département de l’Océan Indien a subi un coup dur. Au-delà des dégâts causés aux infrastructures et aux habitations, c’est tout un écosystème fragile qui a été mis à mal, notamment les précieux récifs coralliens.
Le cyclone Chido a causé des dégâts énormes, non seulement sur le plan humain et social, mais également environnemental. Ce joyau de biodiversité marine, doté d’un des plus grands lagons du monde (1 500 km²), a vu une partie de ses récifs coralliens littéralement dévastée. Les experts sur place, comme Donatien Pelourdeau, agent du Parc naturel marin de Mayotte, décrivent des scènes de destruction où les coraux apparaissent "décapés". Ces formations essentielles pour l’écosystème marin sont parmi les plus touchées.
Les équipes du Parc naturel marin, sous la tutelle de l’Office français de la biodiversité, multiplient les plongées depuis le passage de Chido pour analyser les conséquences du cyclone. Certaines zones emblématiques, comme le Tombant des Aviateurs et l’extérieur de la Passe en S, ont été entièrement détruites. Les scientifiques notent que si certains secteurs restent préservés, d’autres présentent une destruction totale des coraux, éponges et gorgones. Cette situation s’ajoute à des épisodes précédents, tels qu’El Niño en 2024, qui avait déjà fragilisé les récifs en provoquant le blanchissement d’environ 35 % des coraux.
La double barrière corallienne de Mayotte joue un rôle crucial : elle protège l’archipel des submersions marines, abrite 300 espèces de coraux et 760 espèces de poissons, et contribue à l’économie locale par la pêche et le tourisme. Selon Annabelle Djeribi, directrice déléguée du Parc naturel, les récifs et mangroves ont absorbé une partie des impacts du cyclone, évitant ainsi des dégâts encore plus graves.
Toutefois, pour permettre une régénération efficace, il est essentiel de minimiser les pressions environnementales telles que le braconnage, les déchets et l’envasement, qui déverse chaque année 20 000 tonnes de terre dans le lagon.
Les spécialistes insistent sur l’importance de laisser du temps à cet écosystème pour se reconstruire. Yoan Doucet, chef de service du Parc, rappelle que les espèces mobiles, comme les poissons et mammifères marins, ont été relativement épargnées.
Cependant, la restauration complète du récif nécessitera l’engagement de toute la population mahoraise, notamment dans le cadre du plan de reconstruction de l’archipel. Protéger les ressources marines et terrestres est d’autant plus essentiel que ces milieux naturels assurent des fonctions vitales, allant de la sécurité côtière à l’approvisionnement alimentaire. L’avenir du lagon de Mayotte dépendra de la capacité collective à protéger ce patrimoine unique et précieux.