Alors que l’île de Mayotte est en pleine crise de l’eau, les habitants ont engagé une action en justice contre le syndicat des eaux et sa filiale délégataire. Ils les accusent d’exposer la population à un risque immédiat de mort ou de blessures.
L’île de Mayotte fait aujourd’hui face à une sécheresse sévère, la plus importante depuis 1997. Cette situation est exacerbée par un déficit d’infrastructures et d’investissements. Pour faire face à cette crise, l’État a récemment intensifié les restrictions d’eau, limitant l’accès à un jour sur trois. En septembre, le gouvernement a promis un "véritable plan Marshall pour Mayotte", incluant la distribution de bouteilles d’eau et la prise en charge des factures, en réponse à cette situation critique.
Ces mesures sont cependant considérées comme "insuffisantes", selon plusieurs habitants et une entreprise de cette île de l’océan Indien. L’eau sur le territoire est décrite comme "boueuse, parfois contaminée par des matières fécales". Les Mahorais sont impactés par cette crise qui affecte l’accès à l’eau et sa qualité depuis plus de six mois. Ils ont décidé de porter plainte contre le Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM) et son délégataire, une filiale du groupe Vinci.
La plainte a été déposée auprès du parquet de Mamoudzou le 28 décembre 2023. Les plaignants soulignent notamment l’impossibilité de se laver de manière adéquate et font état de problèmes gastro-intestinaux. Ils dénoncent des conditions d’hébergement qu’ils estiment "incompatibles avec la dignité humaine". En engageant cette démarche auprès du procureur, les habitants espèrent mettre fin à l’impunité persistante de ceux qui, selon eux, n’ont pas accompli leur travail consciencieusement depuis des années, selon leur avocat, Me Emmanuel Daoud.
Le syndicat des eaux et son délégataire, la Société mahoraise des Eaux n’ont pas encore répondu à ces accusations formulées dans la plainte déposée. Ils font également l’objet d’accusations concernant la non-garantie de la qualité de l’eau potable. La plainte souligne, entre autres, que des réservoirs d’eau aient été laissés en libre accès, permettant à des animaux de s’y abreuver, une situation qui, selon la plainte, accroît les risques potentiels de transmission de maladies.