A Mayotte, la délégation Médecins du Monde Océan Indien s’inquiète des conséquences de l’épidémie du Covid-19 qui vient se superposer à d’autres problématiques liées à la grande précarité qui sévit dans le département.
Médecins du Monde, présent à Mayotte depuis 2007, ne cesse d’alerter sur les conditions de vie de dizaines de milliers de personnes vivants dans les quartiers dits « informels » du 101ème département français. D’un point de vue sanitaire, cette grande précarité va de pair avec une vulnérabilité aiguë sur le plan nutritionnel aggravée par un manque d’accès à l’eau.
Aujourd’hui avec la crise du Covid-19 et les nécessaires mesures de restriction mises en place, l’association assiste à une aggravation drastique des conditions de vie de ces personnes qui se retrouvent sans moyen économique pour subvenir à leurs besoins les plus primaires. En effet, le coup d’arrêt porté à l’économie informelle, seul moyen de subsistance pour des milliers de ménages, a pour conséquence une situation de crise alimentaire pour toutes ces personnes déjà en situation d’extrême pauvreté.
A cette situation, s’ajoute un manque d’accès à l’eau potable : actuellement, seulement certaines bornes fontaines sont ouvertes quelques heures par jour. Selon l’association, cette réponse inadaptée est non souhaitable d’un point de vue sanitaire - en créant des rassemblements - ni suffisante d’un point de vue humanitaire.
Pour pallier cette situation, la délégation Médecins du Monde Océan Indien demande :
Une action coordonnée, collective et simultanée regroupant tous les acteurs institutionnels (rectorat, ARS, forces de l’ordre et militaires …) et associatifs du département avec l’accord et l’impulsion de la préfecture afin de garantir des conditions de distribution alimentaire équitable auprès des plus vulnérables.
A la préfecture ainsi qu’aux acteurs gestionnaires des points de distribution d’eau d’assurer la fourniture d’eau gratuite et, afin de limiter les rassemblements de population de façon permanente, en utilisant les moyens techniques disponibles : Rampes de distribution, Bladders/réservoirs d’eau, Citernes mobiles…) et l’ouverture des sanitaires des bâtiments publics à toutes et tous.
Alors que 171 cas ont été confirmés à Mayotte, une réponse humanitaire d’urgence coordonnée et globale est nécessaire pour limiter la propagation de l’épidémie dans le département mais aussi et en premier lieu, les conséquences sanitaires inhérentes au manque d’accès à l’eau et à l’alimentation.