Ces dernières semaines plusieurs passeurs-pilotes de kwassa-kwassa en provenance d’Anjouan ont refusé d’obtempérer aux injonctions des policiers de la PAF. Leur comportement dangereux leur a valu de lourdes peines de prison.
Dans la nuit du 29 au 30 octobre, plusieurs barques ont été arraisonnées à M’Tsamboro, au nord de Mayotte. La première embarcation a été repérée par un écho radar et contrôlée par l’hélicoptère de la gendarmerie. En attendant l’arrivée d’un navire intercepteur, l’aéronef s’est positionné à basse altitude pour ralentir le kwassa, mais le passeur a jeté des pierres vers l’hélicoptère. Un autre passeur-pilote a également refusé d’obtempérer et a même menacé de faire noyer son équipage.
"Ils n’ont plus peur de rien", lâche un policier de la PAF pour résumer la détermination inconsciente des pilotes de kwassa, prêts à tous les risques pour éviter d’être interpellés. Plusieurs passeurs-pilotes ont été interpellés après des heures de tractations en pleine mer. En audition, l’un d’entre eux a même avoué qu’en donnant des coups de machette au bateau de la PAF il réussirait à "le faire exploser". Le parquet a requis 3 ans de prison contre ce pilote et 3 500 euros d’amende. Le tribunal est allé bien au-delà de ces réquisitions en prononçant 4 ans ferme et 6 000 euros d’amende. Une sanction pécuniaire qui doit empêcher le condamné d’économiser en prison pour "financer un prochain voyage".
Un autre passeur-pilote a également lancé des pierres sur l’embarcation des policiers, et même des coups de chombo sur le boudin du semi-rigide pour tenter de les couler. Selon les policiers de la PAF présents à bord, le passeur criait "Si tu approches je te tue". Là encore, il aura fallu une longue poursuite en mer, faite de jets de projectiles et de tentatives de collision, avant que le kwassa ne prenne l’eau, mettant la vie de ses 14 passagers, dont un nourrisson en danger. "Je me suis d’abord protégé, j’avais peur que les gens qui ne savent pas nager s’accrochent à moi et me coulent, et la police était là pour les aider", tente de justifier le prévenu. Son prélèvement génétique a permis de déterminer qu’il avait déjà été interpellé 13 fois, sous autant d’identités différentes. Le procureur a cette fois requis 4 ans ferme et 2 000 euros d’amende. Le tribunal a suivi les réquisitions sur l’amende, mais a prononcé deux ans de détention.