La délinquance juvénile à Mayotte est un problème si grave que les responsables de sécurité ont mis en garde les nouveaux cadres de l’Éducation nationale. La rentrée scolaire pourrait même être retardée.
Réunion des nouveaux cadres de l’Education
La cinquantaine de nouveaux cadres en charge de l’Éducation nationale à Mayotte ont reçu un long brief en ce qui concerne le contexte de sécurité dans le département. Dans un total esprit de transparence, la préfecture a exposé aux nouveaux arrivants les risques qu’ils devront affronter dans le cadre de leurs fonctions. "Il faut leur expliquer les tenants de la délinquance à Mayotte et les risques potentiels pour qu’ils soient en capacité d’agir et soient au courant du climat général de l’île", explique Florence Ghilbert-Bézard.
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Risques de tensions à l’école
Avec une population très jeune à Mayotte (60 % de la population ayant moins de 25 ans), les établissements scolaires sont tout simplement bondés. Au sein des établissements scolaires même, les risques de tensions sont grands en raison de la présence de certains élèves issus de villages traditionnellement ennemis. Cette situation est, d’entrée de jeu, difficile à gérer, car si les élèves ne se règlent pas les comptes en plein cours, cela se passe aux abords des écoles. "Nous avons eu beaucoup de difficulté au collège de Dembéni parce que les jeunes de Ouangani y étudiaient aux côtés des jeunes de Dembéni, ce qui peut être source de problème, car les jeunes de ces deux villages s’affrontent souvent", cite comme exemple Florence Ghilbert-Bézard.
Détermination de l’état civil des jeunes
Outre ces risques de tension, il y a également la capacité à déterminer l’identité de certains jeunes. En effet, l’état civil de bon nombre d’entre eux est flou, principalement à cause de l’immigration. Cette difficulté à la distinction des jeunes favorise les vols à l’arraché et autres personnes malintentionnées qui viennent soi-disant étudier, mais qui sont pourtant présentes pour voler ou semer la zizanie.
Prévenir tout risque de radicalisation religieuse
Un autre sujet important reste la prévention de la radicalisation religieuse auprès des jeunes à Mayotte. Une toute nouvelle cellule de prévention a justement été créée en ce sens, quoiqu’elle ne soit pas effective sur le fond. "Le numéro vert du service est en place, mais personne n’appelle. Personne ne nous alerte. Aucun parent ne signale de comportements anormaux et l’on s’en étonne", déplore la directrice du cabinet du préfet. Les cadres de l’Éducation nationale devront donc être vigilants et signaler tout suspect d’être un radicalisé.
Possible retard scolaire
La question d’un possible retard scolaire a également été évoquée. Avec la grève chez Total qui paralyse tout Mayotte, la population a des difficultés à bien préparer la rentrée. Sans s’avancer dans des affirmations, Florence Ghilbert-Bézard affirme que "tout sera fait pour que les enfants puissent reprendre à la date prévue, mais les choses sont compliquées et nous y travaillons activement".
Source : Journal de Mayotte