ARNAUD ANDRIEU/SIPA
A Mayotte, la crise des carburants affecte les services sanitaires. Les personnels de santé libéraux tirent la sonnette d’alarme évoquant un risque de chômage technique si la situation ne s’améliore pas.
Alors que les négociations entre syndicats et direction de Total ont du mal à s’organiser après l’intervention de la gendarmerie samedi soir au dépôt Total de Longoni, la liste des professionnels en colère ne cesse de s’allonger. Ainsi les personnels de santé qui exercent en libéral montent au créneau et dénoncent l’ingérence au niveau des stations concernant les voitures prioritaires.
Comme rapporté par Le Journal de Mayotte, les infirmiers et infirmières libérales commencent à avoir des difficultés à effectuer leur travaille. Une infirmière libérale installée dans le sud exprime son désarroi. Chaque jour, elle doit faire la tournée des patients dont elle a la responsabilité, à différents moments de la journée. "Je fais 160 km tous les jours. Alors, quand on ne peut mettre que 30 euros d’essence dans le réservoir, ça oblige à se rendre dans la station tous les deux jours", confie-t-elle. Il y a bien une station dédiée aux véhicules prioritaires mais elle est à Majicavo. "On ne peut pas utiliser l’essence qu’on met dans nos véhicules pour aller à la station", ajoute le Dr Jean-Marc Roussin, installé lui aussi dans le sud. En tant que responsable du syndicat des médecins libéraux de Mayotte, il a demandé à la préfecture que les personnels de santé soient prioritaires, dans toutes les stations et à toute heure.
Malgré la crise des carburants, médecins et infirmiers libéraux font beaucoup d’efforts pour qu’il n’y ait pas de rupture dans les soins prodigués aux patients. Mais le docteur Roussin confie que la situation commence à devenir trop compliqué. Si ça continue encore trois ou quatre jours, soit l’Etat nous trouve une solution, soit "je mets tout le monde au chômage technique et je ferme", tranche-t-il. Déjà, infirmiers comme médecins commencent à envisager de transférer les patients les plus sensibles vers le CHM. Mais là encore, le centre hospitalier ne sera pas en mesure de prendre en charge tout le monde alors que les professionnels estiment à 25% le nombre de patients de Mayotte pris en charge chez eux par les libéraux.