Dans une tribune publiée mercredi, la nouvelle ministre des outre-mer Ericka Bareigts a parlé de son engagement pour défendre l’Égalité réelle notamment de la scolarisation obligatoire qui s’étend de 3 à 18 ans. Il s’agit d’un nouveau défi pour le système scolaire à Mayotte.
La scolarité obligatoire aujourd’hui fixée de 6 à 16 ans en outre-mer comme en métropole devrait s’étendre de 3 à 18 ans. Si dans l’Hexagone, les syndicats sont favorables à l’idée, à Mayotte, ce changement serait un nouveau défi pour le système scolaire. Et pour cause, le département est encore loin d’une scolarisation généralisée avant 6 ans avec une école maternelle qui n’a été mise en place qu’en 1993. En 2015, le taux de scolarisation des enfants de 3 ans n’est que de 65% à Mayotte soit l’effectif de 4 356 élèves contre 98,5% en métropole et près de 100% à La Réunion.
À Mayotte, plus de 2 400 enfants de 3 ans ne vont pas encore à l’école. Chez les enfants de 4 et 5 ans, ce taux de scolarisation s’élève à 94%. À l’entrée au CP, le vice-rectorat parle de 6 534 enfants arrivés à l’école l’an dernier sans préscolarisation. Les autres problèmes sont liés au recrutement, au nombre de classes et d’écoles insuffisant. En effet, la construction de près de 22 nouvelles écoles maternelles serait indispensable pour parvenir, sans rotation, à absorber ces 6 534 enfants. Il y a une semaine, la nouvelle ministre des outre-mer Ericka Bareigts qui a présenté son projet de loi sur l’Egalité réelle a annoncé le doublement de l’enveloppe pour les constructions scolaires. Cette somme qui passerait ainsi à 20 millions, de quoi "soulager notre gestion des écoles" était encore insuffisant, a souligné Saïd Omar Oili sur le récit du Journal de Mayotte. Selon le président de l’association des maires de Mayotte, le besoin annuel serait de 40 à 50 millions d’euros.
L’extension de l’âge obligatoire de la scolarisation entraînerait également un autre embouteillage. En effet, le décrochage scolaire après 14 ans est clairement visible dans la pyramide des âges des enfants scolarisés à Mayotte, car les élèves âgés de 17 ans sont deux fois moins nombreux que ceux âgés de 11 ans. Ce qui impliquerait une véritable accélération des filières et des formations pour coller à l’objectif. À l’heure actuelle, les élèves qui échouent à leur examen n’ont souvent plus de place pour recommencer une année sur les bacs d’une terminale ou d’un CAP.
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