Illustration/SIPA
Le taux de la délinquance à Mayotte a fortement augmenté en 2015. Une situation alarmante attribuée notamment à une prolifération d’armes blanches dans le département mais également au manque d’effectif du côté judicaire, estime le procureur général Claude Laplaud.
Vendredi dernier, le procureur général de Saint-Denis (La Réunion) Claude Laplaud, a mis l’accent sur la "fulgurante explosion" de la délinquance à Mayotte lors de l’audience de rentrée solennelle de la cour d’appel. Mayotte étant l’autre département relevant de la cour d’appel de Saint-Denis, le procureur général n’a pas omis de s’étendre sur ce sujet pointilleux. Il évoque d’ailleurs un bilan "franchement calamiteux" en 2015.
Selon les données révélées par le procureur général, "le total des faits constatés progresse de 16% (+ 23% pour la seule Mamoudzou)", rapporte Journal de Mayotte. Mais le nombre de la délinquance n’a pas seulement augmenté, la nature même des faits s’est aussi aggravée. "Jusqu’en 2013, la délinquance se cantonnait aux vols et cambriolages. En 2015, les vols avec violences ont augmenté de 80%, les violences intrafamiliales de 117%, les violences sexuelles de 54 % et les violences contre les forces de l’ordre de… 102% !", a souligné Claude Laplaud.
Le procureur estime que cette progression de violences graves est reliée à l’arrivée dans l’île de produits cannabinoïdes de synthèse et à une prolifération des armes blanches. Claude Laplaud évoque aussi "une insuffisance de moyens criante, pour le ministère public comme la police judiciaire". Il a ainsi demandé "des renforts significatifs" afin d’accomplir un travail judiciaire de qualité.
"Il faudra bien se résoudre à renforcer les officiers de police judiciaire, les personnels de police technique et scientifique pour une meilleure élucidation des cambriolages et des vols de véhicules et vols à la roulotte", a averti le magistrat. Il estime également qu’il est indispensable de renforcer "les personnels qualifiés en matière économique et financière, qui font cruellement défaut et qui font que ce domaine n’est pas traité comme il devrait l’être".
Sans détour, le procureur général dénonce également une "crise de moyens et d’identité" du ministère public. Il regrette que les magistrats et greffe soient en nombre insuffisant, alors que leurs missions se sont multipliées : prévention de la délinquance, aide aux victimes, lutte contre le travail illégal… "Le ministère public français détient le record européen de la pénurie avec 2,9 magistrats pour 100 000 habitants, contre 11,8 en moyenne en Europe ! Un parquetier français traite 2 700 dossiers par an contre 615 à ses homologues européens", dénonce Claude Laplaud.
Au final, le procureur général a tenu un discours d’appel pour sauver "le ministère public à la française" mais surtout d’alerter sur la progression de la délinquance à Mayotte, et de prendre les mesures adéquates.
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