Enseignants et élèves sont inquiets depuis les derniers cas de violences scolaires qui ont eu lieu au collège de Tsingoni et de Chiconi. Certains professeurs parlent d’"expéditions punitives". Le vice-rectorat de Mayotte promet une meilleure sécurisation des collèges.
En janvier dernier, plusieurs agressions ont eu lieu dans des établissements scolaires à Mayotte : règlement de compte à Tsingoni, bagarres dans la cour à Chiconi, agression à l’école de Cavani Sud. Ces établissements ont été le théâtre de violences, internes et à proximité. Deux élèves ont été blessés suite à ces agressions qui ont choqué les professeurs. RTL a fait le point sur la situation en évoquant le témoignage d’une enseignante qui qualifie l’évènement d’"expédition punitive". Stéphane Planchand, directeur de cabinet du vice-recteur de Mayotte, a été également interviewée par la radio francilienne.
Ce responsable avance que les "rivalités intervillageoises", qui sont "un phénomène récurrent" sur l’île, sont la cause première de ces agressions. "Ces violences aux abords des établissements peuvent s’introduire à l’intérieur, mais c’est plus rare", explique-t-il. Stéphane Planchand a en outre souligné que ces phénomènes se sont accentués à cause de la "chimique", une nouvelle drogue de synthèse qui se répand sur l’île.
Comment des personnes malintentionnées peuvent-elles s’introudire au sein d’un établissement scolaire ? "À Chiconi, il y a un vrai problème de clôture parce qu’il y a des travaux et c’est aussi pour cela qu’il y a des intrusions", précise Stéphane Planchand. Actuellement, plusieurs collèges sont en effet en cours de travaux en vue de leur agrandissement. "Les établissements sont régulièrement agrandis à cause de l’explosion du nombre d’élèves", explique le représentant du vice-rectorat de Mayotte. Chaque année, de 6 000 à 8 000 jeunes supplémentaires sont attendus. Stéphane Planchand a assuré que le budget pour l’année 2016 est consacré à la sécurité afin d’éviter de nouveaux débordements. "En tout un budget de 1,2 million d’euros sera consacré à la sécurité. Entre autres 200 000 euros de clôture, 60 000 euros pour le gardiennage et 200 000 euros de barreaux", détaille Stéphane Planchand.
Autre facteur qui peut expliquer cette escalade de violence : la problématique de l’encadrement. À Tsingoni par exemple, les enseignants réclament plus de surveillants. Ils sont actuellement 5 à 8 selon les horaires pour surveiller 1 340 élèves. "Je ne nie pas qu’il y a un problème de sous-encadrement. Mais d’autres moyens, qui ne sont pas comptabilisés, servent à améliorer la surveillance à l’extérieur des établissements, comme les médiateurs. Il y en a 4 par établissement", affirme Stéphane Planchant.
Pour y faire face, le vice-rectorat a fait plusieurs propositions : "56 embauches de surveillants supplémentaires mais pas avant la rentrée 2016. Un gardien devrait sécuriser les zones de travaux où il manque des clôtures. La vidéosurveillance, en cours de déploiement, pourrait permettre de dissuader les intrus".
De leur côté, les enseignants veulent plus de solutions sur le "niveau humain". "Concernant les surveillants, nous n’avons pas de garantie de savoir où ils seront affectés. Il n’y a rien de concret et en plus cela ne concerne que la prochaine rentrée", regrette un enseignant de Chiconi. Une nouvelle marche aura lieu le mercredi 3 février, cette fois-ci dans toute l’île.
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