Arnaud Andrieu/SIPA
La première journée du procès de l’affaire Roukia a permis de mettre en évidence que les suspects ont tenté de faire disparaître le corps de la jeune femme. Son corps a été emballé dans du papier-bulles, confie l’un d’eux.
Le tribunal de Mamoudzou a commencé à instruire l’affaire Roukia Soundi, dans l’après-midi du 23 novembre. Alors que Mathias Belmer, le présumé meurtrier, ne s’est pas présenté malgré un mandat d’amener, le président Sabatier a appelé à la barre, Frédérique Blondel. Cette dernière est poursuivie pour recel de cadavre. Elle a notamment aidé Mathias Belmer dans son projet de faire disparaître le corps de Roukia Soundi.
A la barre, Frédérique Blondel, ex-patronne de Belmer, répond fébrilement aux inquisitions du président du tribunal, du procureur et des avocats. Tout au long de son audition, elle martèle qu’elle regrette d’avoir aidé Belmer. "J’ai honte de ce que j’ai fait. De m’être laissée manipuler, ne pas avoir eu la force de dire non", répète-t-elle plusieurs fois à la barre, présentant ses excuses et parlant de sa compassion pour la famille.
Selon ses explications, Mathias Belmer, petit ami de Roukia, est venu la voir au salon de coiffure alors qu’il était en congé. Il lui explique qu’il a commis "une bourde". Après une soirée bien arrosée, Roukia a perdu connaissance et ne s’est pas réveillée le lendemain. Il raconte alors qu’ils ont consommé de la drogue. Frédérique Blondel lui conseille d’appeler les pompiers et lui donne un annuaire pour trouver le numéro d’un médecin. Mais consciente que Roukia est probablement morte, elle lui prête finalement sa voiture pour qu’il l’emmène à l’hôpital. "Je n’ai rien fait non plus", reconnaît la coiffeuse. "J’avais peur. Je ne voulais pas être mêlée à cette affaire".
Malheureusement, Belmer a déjà un tout autre plan. "Il cherchait des solutions", dit-elle. Son plan ? Faire disparaître le corps. Frédérique Blondel accepte de suivre Belmer à son domicile mais refuse d’entrer pour ne pas voir le corps. A l’extérieur, elle entend distinctement Belmer "emballer la dépouille avec du papier-bulles". Ensemble, ils ont enterré le corps de Roukia dans le nord de Grande Terre. "Je ne voulais pas l’aider", martèle la coiffeuse. Mais sous l’effet de l’alcool, du zamal et des paroles de Belmer, elle a finalement participé au transport du corps dans sa voiture. Frédérique Blondel explique que Belmer est un fin manipulateur et "sait trouver les mots pour obtenir ce qu’il veut".
Le tribunal compte également se pencher sur cette "drogue inhabituelle" qui aurait causé la mort de Roukia. Vincent Hoarau, poursuivi pour détention et transport non autorisé de stupéfiant, raconte que la veille du drame, Belmer l’appelle pour lui proposer de la cocaïne. La poudre était "grise, marron ou un peu beige foncé … quoi qu’il en soit, une cocaïne qui était tout sauf blanche", raconte-t-il. Ce mardi, le tribunal va aborder cette drogue, cocaïne ou héroïne.