A Mayotte, plus de la moitié de la population n’a pas encore 20 ans. Une jeunesse marquée malheureusement par le chômage. Une situation que les autorités tentent de résoudre, notamment en incitant les jeunes à l’entreprenariat.
Selon les données de l’Insee, Mayotte compte 52 300 actifs âgés de 15 à 64 ans. Parmi eux, 19 000 personnes se déclarent au chômage, soit 36,6%. En outre, seulement 29% des jeunes de 15 à 29 ans sont actifs, soit deux fois moins qu’en métropole. Avant 30 ans, seuls 13% des jeunes occupent un emploi contre 47% en métropole.
Pour autant le chômage à Mayotte affiche une particularité : un grand nombre d’inactifs souhaitent travailler, mais ne font pas toutes les démarches requises ou ne sont pas pleinement disponibles. Ces inactifs ne figurent donc pas parmi les chômeurs comptabilisés. Mayotte est le seul département où l’on comptabilise plus d’inactifs souhaitant trouver un emploi, soit 28 000 personnes, que de chômeurs, soit 10 600 personnes.
Afin d’aider les jeunes à faire face aux chômages, plusieurs organisations et associations s’unissent à Mayotte et en métropole. Dans une édition dédiée spécialement pour le 101ème département français, La Tribune a pu donner quelques détails des ambitions de l’île pour éradiquer le chômage.
Ne pas se focaliser sur la fonction publique
A Mayotte, le secteur public reste le premier employeur du département avec 37% de l’emploi salarié total. Les autres perspectives sont encore peu étudiées faute d’accompagnement. "On essaye de communiquer l’envie d’entreprendre aux jeunes. Pour l’instant leur seul horizon c’est de travailler dans des emplois publics car ils ne connaissent rien d’autre", déplore Cansel Nourdine Bacar, chargée de développement de projets au sein de l’antenne parisienne du Conseil Départemental de Mayotte.
"Les jeunes Mahorais n’envisagent pas d’autre piste car ignorent, par exemple, qu’il existe de grandes écoles. On les met rapidement dans des cases en leur expliquant que ce sera compliqué de poursuivre des études", poursuit-elle. Aussi, même si les jeunes ont des ambitions, aucune porte ne leur est ouverte. Cansel Nourdine Bacar estime qu’il faut donner aux jeunes "l’esprit d’entreprise", précisant qu’"il n’y a pas que le service public". "L’entreprenariat peut aussi se faire à travers l’économie sociale et solidaire via des coopératives par exemple", martèle-t-elle.
Exploiter les talents
"Il faut que les gens au pouvoir acceptent de faire une place aux jeunes Mahorais, qui sont aujourd’hui en mesure d’assumer des responsabilités au plus haut niveau", lance Mahmoud Ibrahim, professeur d’histoire et spécialiste des Comores. L’idée est ainsi de mettre en avant les jeunes mahorais qui ont de l’ambition et qui réussissent car de nombreux jeunes diplômés de retour sur l’île souhaitent s’impliquer. "Un jeune diplômé d’un master spécialisé en métropole -dans un secteur qui pourrait être porteur sur l’île- a été contraint d’accepter un emploi d’avenir à 1.200 euros par mois dans un domaine étranger à sa formation d’origine", raconte une source anonyme.
Plusieurs domaines doivent encore être crées et exploitées à Mayotte. Au final, la création d’entreprise est l’une des pistes privilégiées pour que l’île parvienne à endiguer un chômage de masse.