Réaffirmant que le processus électoral en cours ne résoudra en rien la crise à Madagascar, l’ex n°1 du pays, Didier Ratsiraka appelle à une direction collégiale de l’Exécutif et annonce son plan de sortie de crise.
L’ancien président malgache Didier Ratsiraka affirme avoir trouvé des investisseurs étrangers prêts à débourser jusqu’à 2 milliards de dollars par an, et ce durant les 5 années à venir, pour Madagascar. Ce financement quinquennal, et voire plus, d’un montant de 1 110 000 000 à 1 500 000 000 d’euros, est cependant conditionné.
Il faut que les malgaches parviennent à « restaurer la paix, l’Etat de droit et la stabilité » dans le pays, souligne l’amiral rouge, réitérant la nécessité d’une conférence au sommet élargie à laquelle « tout le monde doit être convié pour décider ensemble » de l’avenir de la nation.
Il ne s’agit pas ici d’une Transition bis mais plutôt d’une direction collégiale à l’image du Conseil suprême de la révolution qu’il avait lui-même fondé dans les années 70.
« Nous n’avons que ce mois pour sauver Madagascar. Je demande au peuple malgache un sursaut national pour dire non au diktat de l’extérieur », a lancé hier l’ex-chef d’Etat dans un véritable one man show organisé dans la capitale tananarivienne.
Il a de nouveau lancé des piques contre la communauté internationale, dont la SADC, l’Union européenne ou encore l’OIF. D’après lui, ces organisations cautionnent le processus électoral en cours alors qu’elles ne reconnaissent pas la constitution qui régit actuellement Madagascar et sur laquelle s’appuie pourtant la mise en place de la commission électorale (CENIT) et la Cour électorale spéciale (CES).
« Est-ce normal ça ? », s’interroge l’amiral qui redoute une réédition du scénario malien ou égyptien dans la Grande île une fois les élections terminées.
« Les Malgaches n’ont pas besoin d’un président mal élu, mais de quoi manger », martèle Didier Ratsiraka selon qui les investisseurs avec qui il est entré en contact ont aussi promis de financer la lutte antiacridienne, la production rizicole et l’approvisionnement en vivres de la population locale.
Dès novembre, ils pourront fournir 50 tonnes de riz, autant de sucre et d’huile pour le pays, assure l’ancien dirigeant qui promet d’augmenter jusqu’à 40% le salaire des fonctionnaires, les pensions des retraités et les bourses des étudiants avec le financement dont Madagascar pourra bénéficier.
Interrogé sur l’origine exacte de ce fonds, l’amiral répond sur un ton parodique que c’est de l’« extra-propre » et que contrairement aux bailleurs avec qui Madagascar traite actuellement, ces investisseurs privés sont prêts à agir en fonction des besoins du pays.
« Ce sont les Malgaches, à travers les provinces autonomes, qui définiront les projets de développement à financer », promet Didier Ratsiraka. Il stipule par ailleurs que les deux parties auront tout à gagner dans ce contrat synallagmatique.
La presse de se demander si ce fameux plan de sortie de crise trouvera preneurs à l’heure où le pays nage déjà en pleine propagande présidentielle. Mais l’amiral rouge a déjà trouvé une autre parade pour contourner la situation. Il a appelé les 33 candidats en lice à s’associer à son ambition afin que le pays puisse se redresser.