Quelques jours après la conclusion du premier tour de la présidentielle à Madagascar, diverses missions d’observation ont rendu public leur rapport initial. Le compte rendu de Safidy, l’observatoire de la société civile et la mission d’observation électorale la plus importante pour cette élection de 2023, s’avère critique.
Les 5 000 observateurs de Safidy, déployés dans les 23 régions de Madagascar, ont constaté une "prolifération de mauvaises pratiques électorales à l’échelle nationale". Avant et pendant le scrutin, des irrégularités ont été signalées, telles que des individus votant sans carte d’identité ni carte d’électeur, sans vérification de l’encre indélébile sur les doigts, un transport non sécurisé du matériel électoral, ainsi que l’utilisation des ressources publiques et des fonctionnaires à des fins de campagne, rapporte RFI. Un grand nombre d’irrégularités ont été relevées, principalement imputées aux équipes du candidat numéro 3, le président sortant Andry Rajoelina. Les observateurs ont également constaté des cas d’achat de voix perpétrés par ses équipes.
"Les observateurs de Safidy, sur le terrain, ont particulièrement remarqué l’instrumentalisation par les partisans du candidat numéro 3 du Tosika Fameno, un programme de protection sociale dédié aux ménages vulnérables, en leur promettant 100 000 ariary (20 euros) par mois en échange d’intégrer le parti TGV (celui d’Andry Rajoelina) et de voter pour le président sortant", lance Eddie Carina Ranaivojaonina, responsable de la communication de l’observatoire. "En amont du vote, il y a aussi eu des dons d’argent de 30 000 ariary (6 euros) pour inciter ces ménages vulnérables à voter pour lui".
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Maître Philippe Disaine Rakotondramboahova, mandataire d’Andry Rajoelina auprès de la Commission électorale, a réagi auprès de Sarah Tétaud, correspondante de RFI à Antananarivo. "Au sujet du rapport Safidy, à mon avis, il n’est pas complètement indépendant. Il est même tendancieux. On sait très bien qu’ils n’ont jamais porté dans leur cœur le président Rajoelina", dit-il. Selon lui, "il y a une liberté d’expression donc on en prendra compte, mais pour nous, ce rapport n’est pas vraiment un repère pour la démocratie". Il ajoute que concernant "les prétendus achats de voix avancés par Safidy, il n’y a aucune preuve. Le terme ’d’achat de voix’ relève du dénigrement et il faudra qu’ils apportent les preuves de ce qu’ils disent".
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