Dans les sous bois de Nosy Komba, une île d’environs 5 000 habitants de l’archipel de Nosy Be, des tonnes de gousses vertes sont prêtes à être cueillis.
Dans les sous bois de Nosy Komba, une île d’environs 5 000 habitants de l’archipel de Nosy Be, des tonnes de gousses vertes sont prêtes à être cueillis.
"Le bout des gousses doit être jaune et on voit bien ici qu’il n’est plus vert et se rapproche de la couleur de la banane", nous montre un planteur. La réglementation impose 48h00 de récolte et de vente. "Ça permet d’éviter les vols, si tout le monde récolte en même temps, on est tous solidaires, c’est la règle", nous explique l’homme.
Le Nord Ouest, n’est pas la plus importante région de production la plus importante de Madagascar, mais c’est ici que le coup d’envoi pour la récolte de vanille verte est donnée. Cette année, en raison de la crise mondiale, les rumeurs sur la baisse des prix, ont déjà fait le tour des plantations. "Si le prix du kilo de vanille verte est fixé à 20€, on ne peut même pas s’acheter un sac de riz avec. Ce qui serait acceptable, c’est que l’on puisse au moins s’acheter un sac de riz en vendant un kilo de vanille", s’inquiète un
Cette récolte représente une partie importante du budget familiale "Dès que le marché est terminé, je peux payer une année de scolarité pour mes enfants", nous confie t-il. "Le kilo se vendait 50€ l’année dernière et cette année, s’est redescendu à cause de la crise. Je ne connais pas encore la valeur actuelle de la vanille verte, puisque c’est au marché que cela se négocie", nous explique le planteur. Cette année, il a 40 kilos à vendre.
Au coeur du village d’Anjiabe, les autorités locales, accompagnées d’une dizaine d’hommes en uniforme, veillent au bon déroulement des transactions. Les échanges donne des airs de véritable place boursière en forêt tropical. Dans ce village de moins de 2 000 habitants, 6 tonnes de gousses vertes sont vendues en deux jours.
Marcel et Nadine font partie des acheteurs, ils reviennent avec 300 kilos de vanille de Nosy Komba, à préparer. Négocié à moins de 17€, le kilo leur avait coûté trois fois plus cher l’an dernier. "L’année dernière, la vanille malgache était au même prix que la vanille Réunion", nous apprend Nadine. 4 tonnes de vanille noir sont produites chaque année à La Réunion, contre 1700 à Madagascar, leader mondial. Après plusieurs années de flambée des prix, la précieuse gousse a perdue de sa valeur.
L’incertitude de la demande en période de crise sanitaire a fait exploser la bulle spéculative.
"Cette année, on a pas eu de commande du tout, le produit est là, on prépare", on attend.
Saint-Gilles, l’Hermitage, Saint-Paul, Saint-Leu, Saint-Pierre, Cilaos, la famille fait le tour des marchés Réunionnais et vise une clientèle principalement touristique. “On fait la préparation ici, une fois la préparation finie, on l’emmène sur l’île de La Réunion”.
Nadine et Marcel sont nés à Nocibé mais ont adopté La Réunion il y a 20 ans. "On fait aussi la récolte à La Réunion. Avec le confinement, je ne peux plus rentrer, je suis bloquée ici", ajoute Nadine.
La campagne d’exportation ne démarre qu’en octobre, une fois la vanille séchée "On attend que la vanille soit bien maturée pour exporter". Dans le monde, 8 gousses sur dix viennent de la grande île. Le gouvernement malgache a pris une série de mesure pour ramener la qualité au centre des préoccupations. S’il est difficile aujourd’hui d’avancer un prix pour le kilo de vanille cette année, une chose semble sûre, il sera plus bas que l’an dernier.