Le Parlement malgache a adopté une loi controversée autorisant la castration des violeurs d’enfants. Lors de sa présentation officielle, le nouvel ambassadeur de l’Union européenne à Madagascar, Roland Kobia, a été interrogé sur cette législation. Contrairement à sa prédécesseure, qui s’était exprimée ouvertement contre la loi, il a choisi une approche plus mesurée.
En février, le Parlement malgache avait voté en faveur d’une loi permettant la castration chimique, et dans certains cas, chirurgicale, des personnes reconnues coupables de viol sur des mineurs. Après avoir été approuvée par le Sénat, cette législation attend l’approbation de la Haute Cour constitutionnelle avant d’être officiellement promulguée par le président Andry Rajoelina.
Isabelle Delattre Burger, l’ancienne ambassadrice de l’Union européenne, avait exprimé son désaccord sur cette mesure lors d’une conférence de presse le 26 février. Elle estimait que la castration n’est pas une réponse dissuasive au viol. Le viol d’enfants nécessite des réponses judiciaires fortes, mais elle disait que cette peine était en contradiction avec la Constitution malgache, en particulier l’article 8. Elle avait également rappelé que la Grande île avait ratifié en 2005 des conventions internationales prohibant les châtiments considérés comme cruels et dégradants.
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Après cette conférence de presse, Isabelle Delattre Burger avait été convoquée par la ministre des Affaires étrangères pour s’expliquer sur ses déclarations. Le gouvernement malgache avait demandé son remplacement, invoquant une "ingérence dans les affaires internes de Madagascar". Roland Kobia est désormais le nouveau représentant de l’Union européenne dans le pays, et a présenté ses lettres de créance au président Andry Rajoelina le 18 septembre.
Interrogé par les journalistes au sujet de la loi sur la castration des violeurs, qui avait précipité le départ de sa prédécesseure, M. Kobia a opté pour la prudence. Il a expliqué qu’étant nouvellement arrivé, il préférait d’abord prendre le temps de s’informer avant de se prononcer sur des sujets aussi sensibles. "J’ai appris une sagesse, c’est qu’il faut écouter, il faut comprendre", a-t-il déclaré. Il a ajouté que ces questions seraient abordées "au moment opportun", rapporte le journal Midi Madagasikara.