Les partisans de Marc Ravalomanana menacent de rééditer l’évènement 2002 si la Cour électorale spéciale malgache ne tient pas rigueur des preuves sur l’existence de fraudes massives lors du 2è tour présidentiel.
La tension monte d’un cran à Madagascar après la proclamation officielle des résultats provisoires du 2ndtour présidentiel par la commission électorale. Selon la presse locale, cette semaine pourrait voir surgir des foyers de troubles. De sources sécuritaires, Midi Madagascar affirme même que ce jour est classé « lundi noir » par les forces de l’ordre qui auraient reçu des informations selon lesquelles des groupes d’individus fomentent des actes de déstabilisation, notamment dans la capitale tananarivienne.
Du côté des partisans de l’ancien dirigeant Marc Ravalomanana, lequel a décidé de soutenir Jean Louis Robinson à la dernière élection présidentielle, les pressions envers la Cour électorale spéciale se font de plus en plus dures. Cette instance a été invitée ce weekend par les lieutenants de l’ancien n°1 du pays à statuer en fonction des preuves qui lui ont été fournies, attestant l’existence de fraudes massives lors de l’élection jumelée (2nd présidentiel et législatives, ndlr) du 20 décembre dernier.
« Je vous exhorte à défendre votre choix », a déclaré Marc Ravalomanana dans une intervention téléphonique au Magro, lieu de rassemblement de ses partisans.
« Nous sommes prêts à rééditer ce qui s’était passé en 2002 pour défendre notre choix. Je lance aujourd’hui un dernier appel à la CES, les procès verbaux qui sont en notre possession établissent que c’est le docteur Jean Louis Robinson qui gagne avec 52,87 % des voix. Les preuves qui attestent qu’il y a eu des fraudes sont entre les mains de la CES », a renchéri de son côté Maître Hanitra Razafimanantsoa, un des ténors de sa mouvance. « Examinez les documents dans le calme et soyez du côté du peuple », a martelé celle-ci dans sa déclaration, rejointe aussitôt par son compagnon de lutte Rolland Ravatomanga, ministre de l’Agriculture et chef de délégation fraîchement nommé.
« La foule du Magro n’acceptera jamais, mais ne nous forcez pas à faire ce qui n’est pas bien. Nous l’avons déjà fait en 2002 et le peuple du Magro a encore la force de le faire », a assené de vives voix ce dernier. Il a affirmé également que des plaintes pour fraudes ont déjà été déposées au niveau des instances internationales, comme le rapporte dans son édition du jour l’Express de l’île, évoquant des « discours de plus en plus menaçants ».
Pour rappel, la Grande île avait assisté entre décembre 2001 à juin 2002 à sa plus longue crise politico-sociale sur fond de tensions postélectorales. Après la proclamation des résultats du 1er tour présidentiel par le ministère de l’Intérieur, plaçant en tête Marc Ravalomanana avec 46,44% du suffrage contre 40,61% pour son rival Didier Ratsiraka, le pays devait s’attendre à un second tour mais le comité de soutien de Marc Ravalomanana refuse aussitôt cette voie. Ses membres affirment avec des documents à l’appui que leur candidat était détenteur des 53% du suffrage et devrait logiquement remporter la bataille. Les mouvements réclamant la victoire de Marc Ravalomanana au 1er tour naissent alors un peu partout dans l’île. Les tensions entre ses partisans et ceux du président sortant Didier Ratsiraka s’intensifient. Des barrages antiéconomiques sont installés sur les routes nationales, principalement dans l’axe Est et Sud, par les éléments de l’Amiral tandis que toute l’administration est entièrement bloquée par Marc Ravalomanana et ses alliés.
Le pays va plonger dans 6 mois de crise sans précédent qui conduit à l’exil de Didier Ratsiraka vers Paris en juillet 2002. Quelques mois plus tôt, le 6 mai 2002, Marc Ravalomanana fut investi officiellement président de la république de Madagascar après confirmation de sa victoire par la Haute Cour constitutionnelle.