L’industrie du tourisme à Madagascar subit de plein fouet les revers de la crise politique dans laquelle le pays s’est englué depuis plus d’un an. La Banque mondiale parle d’une baisse de chiffres d’affaires de l’ordre de 50% en 2009.
Dans sa publication intitulée " Madagascar vers un agenda de relance économique ", les consultants de la Banque mondiale ont fait un tour d’horizon des secteurs qui ont été confrontés à des impacts négatifs de la crise. Le tourisme figure parmi ceux qui ont enregistré les plus mauvais résultats au cours de l’exercice 2009. A ce sujet, les statistiques parlent d’elles-mêmes.
" Avant la crise politique à Madagascar (et la crise financière internationale), la performance de la filière du tourisme ainsi que les perspectives de croissance se montraient prometteuses. Les arrivées de visiteurs ont augmenté d’environ 11% par an au cours des 10 dernières années et le nombre total des chambres d’hôtel s’est accru d’environ 8% par an entre 2000 et 2008. Début 2009, le nombre total de chambres était de 15 126, dont 30% aux normes internationales. Quelques investisseurs internationaux comme les groupes Accor et Constance avaient commencé à investir ", indique le document.
De grands chantiers tel l’hôtel 5 étoiles d’Ivato (Antananarivo) ont en effet pu voir le jour en 2008-2009. Mais tous ces projets n’ont malheureusement pu porter leurs fruits pour cause de crises.
" L’impact de la récession mondiale sur la filière touristique a été aggravé par la crise politique. Les préoccupations relatives à la violence et à l’insécurité ont provoqué des annulations de réservation et une baisse de 31% des arrivées en 2009, selon les chiffres fournis par l’Aviation Civile de Madagascar et Aéroports de Madagascar. On estime que la filière a subi une baisse de 50% de chiffres d’affaires en 2009, ce qui a eu pour conséquences, des licenciements massifs d’employés et la fermeture de certains hôtels. Les opérateurs touristiques locaux doivent faire face à une rentabilité en baisse au lendemain de la crise économique mondiale, vu la pression exercée par les opérateurs touristiques internationaux ", poursuit le document.
Dans ses études, la Banque mondiale a également relevé d’autres facteurs plombant le décollage de la filière tourisme à Madagascar. Citons entre autres, accès difficile au foncier, coûts élevés des investissements, droits et impôts trop coûteux, manque de visibilité sur les marchés mondiaux ou encore coût trop onéreux du transport aérien.
" En dépit d’un nouveau cadre juridique libéralisé (politique d’ouverture de l’espace aérien adoptée en 2005), Madagascar reste une destination coûteuse pour les touristes, en partie à cause de l’accès aérien limité et de la faible concurrence en services du transport aérien. Il n’existe qu’un nombre réduit de compagnies aériennes qui opèrent en provenance et à destination de Madagascar. Le monopole d’Air Madagascar sur les vols intérieurs contribue au niveau élevé des frais de transport. La connexion régionale demeure encore limitée et les occasions de faire développer le tourisme régional ne peuvent être entièrement exploitées avec les arrangements actuels de services de transport aérien ", indique l’étude de la Banque mondiale.