Face au désespoir causé par la sécheresse dans le sud de Madagascar, des habitants du sud de la Grande Ile ont décidé de bâtir une nouvelle vie ailleurs. Le Monde a recueilli le témoignage de certains d’entre eux.
D’après la police d’Antananarivo, une cinquantaine de migrants fuyant la famine dans le sud de Madagascar arrivent chaque jour dans la capitale malgache depuis deux semaines. Ils y font juste un passage, car ils préfèrent vivre au nord de l’île ou sur les côtes, où la température est plus clémente. "Je vais planter ou être chauffeur, je ne sais pas encore", a confié Namindra, 39 ans qui part pour Majunga. Il entame désormais une nouvelle aventure avec quatre de ses enfants et l’une de ses épouses, rapporte Le Monde. Le père de famille a payé le trajet en vendant tout ce qu’il avait, petites cuillères et quelques marmites. Il espère retourner dans le sud de la Grande Ile, frappé par le "kéré", d’ici à deux ans, quand il aura réuni une somme suffisante.
D’après Mahatante Tsimanaraoty Paubert, enseignant chercheur à l’université de Tuléar et spécialiste du changement climatique, la famine de 2020 est pareille que les précédentes. En revanche, elle se démarque par son exceptionnelle dureté. Outre le problème d’approvisionnement en eau, la population est confrontée à une baisse importante de la quantité de nourriture et une vente massive du bétail et des biens. "Il est rare d’observer autant de familles quitter leur région.", a confié le chercheur. Face à l’étendue de la sécheresse cette année, les populations défavorisées du sud n’ont plus le choix que de partir. D’autant plus que trois régions différentes sont touchées en même temps.
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La famine s’est empirée avec le contexte de pandémie mondiale et les restrictions de déplacement. Avec la fermeture des écoles, les enfants ont été privés de leur repas quotidien. Dans la foulée, le fonctionnement des centres de santé dont dépendent des populations a été ralenti. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis en garde le 12 janvier contre la crise humanitaire dans le sud de Madagascar, avec "un taux de malnutrition qui augmente crescendo". L’organisation onusienne estime que 1,35 million de personnes pourraient se trouver rapidement en situation d’insécurité alimentaire.