Ce dimanche 20 octobre, le centre Akamasoa a marqué trois décennies et demie d’actions en faveur des plus démunis à Madagascar. Grâce à l’engagement du fondateur de l’association, des milliers de Malgaches ont pu sortir de la précarité et reconstruire leur vie.
En 1989, "Akamasoa" voit le jour sous l’initiative du père Pedro Opeka. Une résidente du village spécifique a livré un témoignage sur son parcours à Lexpress.mg.
Lydia Odette Rasoanantenaina travaillait sur le site de décharge d’Andralanitra. Dans les années 80-90, elle triait les ordures. À cette époque, sa route a croisé celle du père Pedro. "Il ne nous a rien promis. Il nous a juste demandé si nous voulions travailler avec lui pour lutter contre la pauvreté. On peut dire que nous avons réussi. En tout cas, je suis logée dans une belle maison que nous avons construite ensemble, mes deux enfants ont été scolarisés, et ont chacun leur vie maintenant", a raconté la mère de famille au journal malgache. Madame Lydia occupe à présent le poste de responsable de la cantine.
Ce vécu, ils sont des milliers à l’avoir traversé dans le centre d’Akamasoa, situé à Ambohimangakely dans la périphérie d’Antananarivo. "L’association a à sa charge quarante mille personnes, soit près de cinq mille ménages, et vingt mille enfants et jeunes scolarisés du préscolaire jusqu’à l’université", a souligné Marie Odette Ravaoarivo présidente du village.
Andry Rajoelina et son épouse ont assisté aux festivités de ce 35ᵉ anniversaire. Le chef d’État malgache a pris la parole de l’évènement. Il n’a pas hésité à louer les actions humanitaires du père Pedro Opeka. "Merci pour tout le bien que vous avez fait. Le Président de la République française, Emmanuel Macron, avec qui j’ai discuté récemment, est aussi reconnaissant de ce que vous faites. La Première dame, Brigitte Macron, a annoncé qu’elle viendra à Madagascar pour visiter votre œuvre", a annoncé le président malgache.
L’homme d’Église affiche sa fierté sur ce qu’il a pu réaliser ces trente dernières années. Il raconte avoir été choqué par la grande misère qui régnait sur ce lieu trente années auparavant. Le prêtre argentin a ensuite collaboré avec des jeunes malgaches pour mettre en place les villages Akamasoa. "Il y a 35 ans, j’étais choqué par la misère que j’ai vue dans ce lieu. (…) Nous nous sommes mis au travail avec un groupe de jeunes malgaches qui m’ont suivi. Je me suis dit à l’époque qu’un jour, de cette décharge, sortiront des jeunes pleins d’idéaux qui auront la ferme volonté de lutter et de développer leur patrie, qui aideront leurs compatriotes et auront des idées pour avancer dans le chemin de leur vie à n’importe quel prix. Après 35 ans, ce rêve se réalise en partie", indique-t-il, non sans émotion.
Convaincu du potentiel de Madagascar, ce religieux n’a jamais cessé de croire en la possibilité de sortir de la pauvreté.
Il a notamment mis en place des programmes de formation professionnelle, construit des logements. Le lazariste a bâti des écoles et amélioré l’accès aux soins de santé. Pour mener à bien la lutte contre la précarité, il a mis en exergue la valeur du travail. "On doit travailler ensemble, et cette pauvreté pourra être vaincue. La preuve ici, à Andralanitra, autrefois une décharge, est devenue un lieu d’épanouissement, de joie, d’espérance", a énoncé le père Pedro dans son discours. Il incite le pouvoir public, les organisations, les églises à le soutenir dans ce combat contre la pauvreté. "Il faut continuer, il ne faut jamais s’arrêter. Si on s’arrête, on régresse", lance le missionnaire de 76 ans.