Alexander Joe/AP/SIPA
Dans son rapport d’audit concernant la lutte contre la pandémie de coronavirus, la Cour des comptes a épinglé la gestion des fonds liés à la crise sanitaire à Madagascar. Des suspicions de détournement de fonds ont été évoquées.
"Malgré la crise et l’urgence, les responsables ne peuvent pas se soustraire au principe de bonne gouvernance et de transparence", ont souligné les juges dans ce document de 72 pages. La Cour des Comptes a récemment publié un long rapport d’audit concernant la gestion des fonds liés à la lutte contre la pandémie de coronavirus à Madagascar. Le contrôle concerne 1 818 milliards d’ariarys, soit environ 400 millions d’euros, dépensés dans le cadre de la lutte contre la première vague de Covid-19, en 2020. Le gouvernement malgache a été alors pointé du doigt face aux nombreuses irrégularités relevées dans le document.
La Cour des Comptes a dénoncé des abus de paiement en espèces, des cumuls de fonctions incompatibles ou encore des suspicions de conflits d’intérêts, de prestations fictives, de double facturation. Ces fonds proviennent notamment des partenaires techniques et financiers dans le cadre d’un protocole d’accord avec Madagascar pour lutter contre le coronavirus. Si les décaissements des fonds Covid-19, "ne présentent aucune anomalie vis-à-vis des protocoles (…) le seuil global de conformité des dépenses est très faible", est-il mentionné dans le compte-rendu relayé par RFI.
Parmi les irrégularités les plus marquantes figurent les 972 millions d’ariary, soit environ 215 000 euros, de dépenses non justifiées. La Cour des Comptes soupçonne un risque élevé de détournement, car cette somme aurait été utilisée pour le paiement des primes de risque du personnel médical pendant la pandémie. En effet, aucun reçu prouvant la perception de ces primes n’a été retrouvé. Pour expliquer certaines anomalies, les dirigeants malgaches ont mis en avant "une situation d’urgence extrême." "Face aux besoins très souvent spontanés, aussi urgents que vitaux, l’Etat, contraint à une obligation de résultat n’avait d’autres choix que de recourir à un processus qui lui permettait de répondre dans l’immédiat aux dits besoins", a argumenté l’Administration malgache dans ses réponses incluses au rapport d’audit.
Lire toute l’actualité à Madagascar