Se sentant trahi par le nouveau président malgache, Andry Rajoelina a renoncé officiellement au poste du premier ministre. Un Conseil des sages sera mis en place pour rapprocher les deux anciens alliés politiques.
Une vive tension s’est créée entre le nouveau dirigeant malgache, Hery Rajaonarimampianina, et l’ancien président de la Transition, Andry Rajoelina qui figurait pourtant parmi ses plus grands soutiens lors sa campagne présidentielle. A l’origine de ce clash, le soupçon de rapprochement qui se profile entre le président en exercice et les hommes de Ravalomanana.
Lors d’une conférence de presse ce week end, l’ancien homme fort de la transition s’est livré dans un discours acerbe et particulièrement agressif. "La voie que suit le régime actuel n’est pas très claire. Certaines personnes se sentent même trahies (...). Ce n’est pas nous qui allons nous lever pour s’opposer à la majorité présidentielle. Les gens qui ont voté pour nos députés souffrent aujourd’hui. C’est Mapar ( sa plateforme) qui est en train d’être écarté, trahi".
S’exprimant sur la mise en place d’une Plate-forme pour la majorité Présidentielle ou PMP qui présentera aussi un candidat au poste de premier ministre alors que le Mapar se croyait être le seul à se doter de ce privilège, Andry Rajoelina ne peut s’empêcher de s’interroger. "Est-ce la nouvelle politique ?" ,s’insurge-t-il sur des propos rapportés par France 24. "Le Mapar ne va pas chercher le poste d’opposant mais ce sont les autres qui vont s’opposer à lui", regrette-t-il.
Au vu de toute cette tension et cette amertume qu’il dit ressentir par rapport à la tournure qu’a pris dernièrement l’échiquier politique malgache, Andry Rajoelina a décidé de décliner la sollicitation de sa plate-forme qui souhaitait le présenter au poste de premier ministre. Il laisse ainsi ses lieutenants décider de la liste des personnes premiers ministrables qui sera présentée ce jour au président de la République.
"J’ai été choisi pour occuper le poste de Premier ministre (...) Mais je ne vais pas endosser ce poste" a déclaré Andry Rajoelina.
Afin d’initier le dialogue entre les deux hommes, des têtes pensantes appartenant respectivement aux deux camps tentent actuellement un rapprochement. A l’issue d’une rencontre, elles ont décidé d’un commun accord la mise en place d’un Conseil des sages qui aura comme lourde tâche de réunir Andry Rajoelina et Hery Rajaonarimampianina autour d’une même table afin qu’ils reprennent la discussion et pour que le nouveau gouvernement puisse enfin être formé.
Si la nomination du nouveau chef du gouvernement tarde à venir, c’est notamment à cause de la « versatilité » du président actuel, estime l’ancien dirigeant de la transition sur des propos rapportés par l’Express de l’île.
"Si nous avions travaillé en toute confiance, actuellement le gouvernement serait déjà en place", assure-t-il, regrettant amèrement le fait que Hery Rajaonarimampianina ait décidé de travailler avec ceux qui l’ont accusé de tricherie lors des deux tours de la présidentielle plutôt qu’avec ceux qui l’ont porté à la tête du pouvoir.
"Je ne les considère pas comme des ennemis, mais il y a un principe politique à respecter", martèle-t-il avant de mettre en garde le nouveau président : "Le succès qui aveugle ne dure jamais. Soyez lucide, mon ami".