Les travaux de réhabilitation du Rova, la demeure officielle des souverains de Madagascar du XVIIe au XIXe siècle ont été décidés par le président malgache Andry Rajoelina. La construction d’un Colisée au sein de l’enceinte royale a fait jaser de nombreux détracteurs.
Un bâtiment ovoïde inspiré de la Rome est en cours de construction dans l’enceinte royale du Rova abritant le Palais de la Reine d’Antananarivo. Les travaux de réhabilitation de cette ancienne demeure des souverains de Madagascar du XVIIe au XIXe siècle ont été ordonnés par le président malgache Andry Rajoelina. Ceux-ci entrent dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance de Madagascar, le 26 juin prochain. Le Colisée baptisé "Kianja Masoandro", est censé accueillir des représentations populaires et culturelles sur l’histoire du pays, ne fait pas l’unanimité. Les détracteurs du projet ont, d’ailleurs, dénoncé un sacrilège.
De nombreuses pétitions ont été lancées en ligne, ces deux derniers jours. L’une d’entre elles a rassemblé plus de 8 200 signatures en moins de 24 heures. "Face au génocide culturel se traduisant par la construction d’un Colisée au sein du Rova […], nous, citoyens malgaches des 4 coins du globe, exigeons l’arrêt immédiat des travaux et la démolition du bâtiment incriminé", est-il écrit dans la pétition, propos relayés par RFI. Face aux nombreuses critiques formulées à l’encontre de ce projet présidentiel, la ministre malgache de la Culture a tiré les choses au clair. "Non, cette arène n’a pas été construite pour nourrir l’ego ou répondre à un caprice du président de la République.", a-t-elle lâché lors d’une conférence de presse organisée vendredi. Lalatiana Rakotondrazafy Andriantongarivo a ajouté qu’il ne s’agit pas du "suicide du patrimoine national".
Pour faire taire les mauvaises langues, la ministre malgache de la Culture a rappelé que les décisions autour de la construction de cet édifice ont été validées par un comité scientifique composé d’historiens, archéologues ou encore des muséologues. Cependant, ce fameux Colisée qui suscite la polémique à Madagascar pourrait compromettre l’inscription du Rova et de la Haute-Ville d’Antananarivo au patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis 2016, ces endroits sacrés liés à l’histoire de la Grande Ile se trouvent sur la liste indicative des sites pouvant prétendre à ce label, rapporte Le Monde. Dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture a déjà émis des réserves dès le mois de février sur l’impact du projet sur "la valeur universelle exceptionnelle" d’Antananarivo.
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