Divers organismes locaux et internationaux ont mené des enquêtes sur la prostitution et le tourisme sexuel des enfants à Madagascar. Dans ce pays, ces fléaux semblent ingérables et gagnent de plus en plus du terrain.
Le tourisme sexuel et la prostitution des enfants sont des activités outrageusement florissantes à Madagascar. Les chiffres des dernières années se rapportant aux activités sont plus que choquants. En 2010, Amnesty International évoque qu’entre 30 et 50% de la totalité des mineurs de Toamasina et de Nosy Be sont "en situation de prostitution". En 2012, l’ONG ECPAT France a fait un constat très frappant concernant l’âge des filles qui s’initient à la prostitution. Cette moyenne d’âge d’entrée dans la prostitution tourne autour de 14 ans à Nosy Be, selon cet organisme non gouvernemental.
En parallèle, la violence sexuelle à l’encontre des enfants et des adolescents dépasse l’entendement. En effet, "14 % des filles de 15 à 19 ans sont victimes des violences sexuelles", a annoncé le portail d’Orange. mg. Une étude signée par l’Unicef confirme cette affirmation : dans deux sites touristiques et miniers de la Grande île, "16% des enfants ont subi un premier rapport sexuel contraint".
Néanmoins, des mesures ont été prises et d’autres confortées. C’est dans cet objectif que le code de conduite national a été signé par les acteurs du tourisme à Madagascar en mai 2015. Ce code est axé sur la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales (ESEC) et le tourisme sexuel impliquant des enfants (TSIE). Cette lutte contre "les pires formes de travail des enfants" est soutenue par plus de deux cent hôtels et acteurs privés installés dans six régions de l’île en 2011.
Et la bataille continue actuellement avec d’autres approches et encore plus de fougue. Mercredi 24 février a été choisi par une centaine d’acteurs touristiques œuvrant à Madagascar pour une assemblée générale dans le but d’établir un système de suivi de ce code de conduite signé vers la moitié de l’année dernière. Il est à noter que cette grande réunion a été dirigée par le Ministère du Tourisme, des Transports et de la Météorologie, en étroite collaboration avec les offices de tourismes, les réseaux de protection de l’enfant et les comités régionaux de lutte contre le travail des enfants, selon le portail Orange.mg.
Cette initiative concernant le code de conduite est félicitée par le BIT ou le Bureau International du Travail. "Le BIT salue déjà les initiatives entreprises par les Offices régionaux du tourisme et les autres acteurs du tourisme au niveau des Régions, notamment Vakinankaratra, Amoron’i Mania, Boeny, DIANA qui ont commencé à s’engager à leur tour dans cette lutte à travers la signature d’un code de conduite régional et le développement de plan d’actions régional pour la mise en œuvre du code de conduite. Le BIT continuera à soutenir les Offices régionaux du tourisme dans la réalisation de leur plan d’action régional ainsi que le suivi des actions entreprises pour la mise en œuvre du code de conduite. La prochaine étape, maintenant, est d’assurer une appropriation du code de conduite au niveau de toutes les Régions et de mettre en place un mécanisme de suivi et évaluation de l’application de ce code de conduite. A travers la mise en œuvre de ce code de conduite des acteurs du tourisme, le BIT contribuera à renforcer la capacité des autorités locales et autres acteurs clés du secteur tourisme à protéger les enfants victimes et vulnérables à l’ESEC et le TSIE", a fait savoir le Directeur du Bureau de Pays de l’OIT pour Madagascar, les Comores, Maurice et les Seychelles, Christian Ntsay.
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