Après le bois de rose et les tortues, l’hippocampe vient s’ajouter à la liste des espèces menacées à Madagascar. Il est la nouvelle victime des trafics que les gouvernements successifs tentent d’éradiquer.
Selon la Convention sur le Commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), les hippocampes peuvent en théorie faire l’objet d’un commerce international, mais sous couvert d’un permis, rappelle le site seychellesnewsagency.com. C’est une espèce protégée à Madagascar.
"Personne ne peut délivrer une autorisation pour sa commercialisation", souligne le directeur général des ressources halieutiques au ministère malgache de la Pêche, François Gilbert. Ce qui n’a cependant pas empêché les douaniers de l’aéroport parisien de Roissy de découvrir 19 000 hippocampes dans un colis en transit en provenance de Madagascar. Les animaux déshydratés avaient comme destination finale Hong Kong.
L’hippocampe est très apprécié sur le marché asiatique, préparé avec du rhum, ou cuisiné en bouillon. Sans parler de ses prétendues vertus aphrodisiaques qui alimentent les débats sur internet. A dix euros pièce environ, la valeur totale du paquet a été estimée à 200 000 euros par les douaniers français.
Trois jours après cette découverte, cinq kilos d’hippocampes étaient découverts sur deux chinois au cours d’une descente inopinée effectuée par quatre ministres à l’aéroport international d’Antananarivo Ivato. Quinze jours plus tard, deux autres Chinois en partance pour Hong Kong étaient arrêtés par la douane malgache, avec trois kilos d’hippocampes dans leur bagage de soute.
"Si en si peu de temps, on a découvert plusieurs trafics, c’est le signe que c’est une pratique", s’inquiète le coordinateur de l’ONG Alliance Voahary Gasy, Andry Andriamanga. La Grande île compte cinq espèces d’hippocampes répertoriées à ce jour, selon Thierry Lavitra, directeur de l’Institut halieutique et des sciences marines (IHSM) de l’université de Tuléar.
"Les habitants des côtes ne sont pas très conscients de l’avenir de nos richesses halieutiques et l’Etat n’a pas assez de bateaux pour surveiller les côtes", déplore de son côté Ruffin Sambany, directeur général du développement durable au ministère de la Pêche malgache.
Transporté par la route, le butin est ensuite expédié par avion. Et à l’aéroport, le trafic est difficile à détecter, même en passant les colis ou bagages au crible des écrans de contrôle.
"Ils sont déjà déshydratés pour leur transport, donc on a du mal à distinguer la forme des hippocampes dans les images du scanner", explique le commissaire Jean Victor Tsaramonina Ravony, chef de la police aux Frontières à l’aéroport d’Antananarivo.