La ville de Morondava, dans l’ouest de la Grande île, était le théâtre de violentes émeutes, hier. On déplore entre un et six morts. A l’origine, des revendications salariales à la société sucrière Sucoma.
Le sang a coulé, hier, à Morondava, rapporte le quotidien L’Express de Madagascar ce matin. La gendarmerie dresse un bilan d’un mort et 12 blessé dont deux membres des forces de l’ordre, tandis que l’hôpital de la ville annonce deux morts et 11 blessés graves. Les habitants, eux, affirment que le nombre de personnes tuées est beaucoup plus important : 5 morts en plus des deux corps à l’hôpital, et une vingtaine de blessés.
C’est l’arrestation de sept employés de la société sucrière Sucoma qui a mis le feu aux poudres. Trahis par des caméras de surveillance, ces suspects ont été filmés en train de vandaliser les locaux de l’entreprise, le 26 novembre, lors d’une manifestation basée sur des revendications salariales.
Deux chinois et une malgache cadre de la Sucoma ont été blessés au cours de la manifestation qui a tourné au pillage : quatre camions, un tractopelle, un fourgon pompe-tonne, un minicar et trois camionnettes ont été mis à mal. Les victimes ont porté plainte, ce qui a conduit à l’interpellation des meneurs du mouvement dans la matinée d’hier.
Conduits à la caserne de la gendarmerie pour être auditionnés, les suspects ont reçu le soutien de leurs sympathisants qui se sont alors rués sur place. Vers 16h, des pourparlers ont été entamés, mais les manifestants ont accueilli les médiateurs avec des jets de pierre. La caserne était alors cernée par une foule furieuse.
« Quoi qu’on en dise, il s’agissait bel et bien d’une attaque de caserne. La horde d’émeutiers enragés qui avait envahi le camp avait des lance-pierre, des bâtons, des armes blanches et même des fusils de chasse. Les assaillants étaient très dangereux. Malgré les sommations, ils ont tenté un forcing. Du coup, il a fallu les repousser à tout prix », affirme un officier supérieur interrogé par le journal.
« Des gendarmes tombés dans la nasse des émeutiers se sont défendus avec des grenades offensives », poursuit l’officier pour expliquer les morts et les blessés. La ville n’a retrouvé son calme que tard dans la nuit. La crise de la Sucoma est devenue une affaire nationale. La semaine dernière, Jules Etienne, le ministre malgache de l’Industrie s’est rendu à Morondava pour tenter de calmer les esprits qui commençaient déjà à s’échauffer.