Soixante-dix élève-officiers ont intégré l’académie militaire à Antsirabe la semaine dernière. Un des leur, âgé de 24 ans n’a pas résisté aux chocs du fameux bizutage militaire. Quelques jeunes ont été hospitalisés.
La prise en main des 70 élèves-officiers de la 38è promotion de l’académie militaire (Acmil) d’Antsirabe, dans le sud de la Grande Ile a débuté le 3 novembre dernier. Trois jours après le fameux bizutage militaire, le jeune Harold Eudes Randrianandrianina âgé de 24 ans et fils d’un colonel a rendu l’âme dans la soirée du jeudi 6 novembre. D’après les informations relayées par le journal L’Express de Madagascar ce mercredi, "huit de ses collègues ont dû être évacués sur Tana. Ils ont été mis en observation médicale à l’hôpital militaire de Soavinandriana."
La première semaine de prise en main des élèves-officiers représente à la fois une phase d’aptitude mais aussi un passage obligé de la vie civile vers la formation "militaire". Pendant le bizutage, ces apprentis officiers réalisent des épreuves physiques comme la résistance à la faim ainsi que des épreuves psychologiques. Le Colonel Randrianimady, Chef de service des Etudes et de la formation à l’Acmil explique dans le quotidien Midi Madagasikara que des vers intestinaux sont sortis de la bouche du jeune élève. "Il a encore rigolé avec ses camarades lorsque d’un coup, il est pris d’une crise de hoquet. Et ce fut son dernier geste", a-t-il ajouté.
Toutefois, les visites médicales sont obligatoires pour les élèves-officiers sélectionnés et ils ont lieu bien avant le début de la formation. D’après un communiqué de l’Académie militaire, certains candidats dissimulent délibérément certaines maladies de peur de ne pas être admis au sein de l’académie. "Les nouvelles recrues, de peur qu’elles ne soient pas acceptées, cachent des détails sur leur état de santé. Et pendant le bizutage qui dure environ 45 jours, comme dans toutes les formations militaires, certaines ne résistent pas. Et ce fut le cas de ces sept jeunes dont Harold qui malheureusement est décédé. Je précise que nous avons six jeunes femmes dans cette promotion entrante, la 39e", a indiqué le colonel Randrianimady.
Dans son communiqué, le ministère malgache de la Défense a déclaré dans le journal Midi Madagasikara de ce jour qu’il y avait eu un mort et six élèves hospitalisés à l’issue de la formation. "Il y a des notes d’organisation et des programmes bien établis. De même, des visites médicales sont systématiques pour les nouvelles recrues. Mais il y a des genres de maladie que l’on ne peut pas détecter. Durant la formation, les heures de repas ne sont pas respectées et la plupart des gens qui ont l’estomac faible n’arriveront jamais à y résister. Pour tout anticiper, nous faisons des sensibilisations dans toute l’île et montrons des vidéos concernant la formation afin de montrer aux jeunes que la formation militaire n’est pas un jeu d’enfant", a-t-on relevé de l’extrait du document.
Choqué par la disparition soudaine de son fils, le Colonel retraité Randriandraina Moise, un officier supérieur issu de la 13e promotion s’en remet au destin sans chercher un bouc émissaire. "Gare à celui ou celle qui lui a fait du mal, seul le bon Dieu saura le ou la punir, si c’est le cas. Comme j’ai expliqué, j’accepte son décès et je n’ai pas à porter plainte…", a témoigné le père de famille. Le corps a été inhumé à son caveau familial à Antsenavolo, dimanche dernier.