Adoptée par l’Assemblée nationale le 19 juin dernier, la loi sur la cybercriminalité suscite une levée de bouclier dans le monde de la presse malgache, mais également chez les simples citoyens.
La menace d’une loi restreignant la liberté d’expression et d’opinion plane sur la Grande île. Elle ne concerne plus que le monde journalistique, relate le quotidien L’Express de Madagascar dans non numéro d’aujourd’hui, mais s’étend jusqu’à tous les usagers des technologies de la communication.
Bloggeurs, internautes ou simples citoyens doivent désormais prendre garde à ce qu’ils publient sur la toile ou d’autres supports électronique, selon toujours la même source. L’article 20 de la loi punit sévèrement l’auteur d’injures et diffamations, surtout si elles visent des institutions. Elle prévoit une peine de 2 millions à 100 millions d’ariary, soit environ 600 euro à 600 000 euros, ainsi qu’une peine deux à cinq ans d’emprisonnement, ou l’une de ces peines seulement.
Les utilisateurs de technologies de la communication interrogés par le quotidien s’interrogent sur les intentions de l’Etat. « Où l’Etat veut-il en venir avec cette loi ? Restreindre la liberté de l’expression ? Museler les journalistes citoyens ? » se demande un bloggeur. Un autre, à l’instar de beaucoup d’internautes affirment leur désenchantement : « C’en est fini de l’internet libre », peut-on lire un peu partout.
Le ministre de la Communication Cyrille Reboza, interrogé par le journal, affirme ne pas souhaiter s’exprimer sur le sujet : « Il vaut mieux s’adresser au ministre de la justice », a-t-il répondu sans plus de précision. Une responsable auprès du ministère de la justice a de son coté soutenu que « Cette loi est une loi contre la cybercriminalité et ne gère pas les infractions de presse. Actuellement, tout le monde s’attèle à l’élaboration d’un nouveau cadre légal pour la presse à travers le nouveau code de la communication. Lors de l’élaboration d’un projet de loi, nous prenons toujours en considération les standards internationaux en matière de législation ».
L’Express de Madagascar s’interroge sur l’éventuelle confusion que les parlementaires ont pu faire entre la cybercriminalité et lutte contre le terrorisme, la loi en question faisant partie d’une série de loi sur le développement du commerce électronique à Madagascar.
Pour rappel, le président malgache Hery Rajaonarimampianina a annoncé publiquement le jeudi 24 avril qu’il est « contre l’emprisonnement des journalistes pour des faits entrant dans le cadre de leur profession ».