Au lendemain du meurtre, soit ce lundi 14 juin, les écoles, les commerces et plusieurs échoppes implantées dans le marché de la ville, ont fermé leurs portes. Les rues étaient quasiment désertes alors que des hommes armés déployés par le gouvernement intérimaire montaient la garde devant les ministères et autres bâtiments administratifs.
La mise en place de ce dispositif sécuritaire n’a toutefois pas empêché certains foyers de tension à se former. Dès les premières heures de la matinée, des incidents ont éclaté.
Un groupe d’une centaine de jeunes, principalement des Anjouanais, tout comme l’officier assassiné, ont organisé un rassemblement devant l’hôpital el-Maarouf où reposait la dépouille du
colonel Combo Ayouba.
Brandissant des banderoles, les manifestants réclamaient l’ouverture d’une enquête sur l’
assassinat du Colonel Ayouba et l’arrestation du ou des assassins. Le mouvement d’humeur de ces jeunes Anjouanais a été rythmé par des slogans hostiles au président Ahmed Abdallah Sambi, qui lui aussi, est pourtant un ressortissant d’Anjouan.
Les manifestants ont également laissé éclater leur mécontentement devant le palais de justice et devant le Trésor public. Ils s’en étaient pris aux véhicules qui passaient dans les parages. Une dizaine de voitures ont ainsi été caillassées avant que les forces de l’ordre n’interviennent en les dispersant à coup de bombes lacrymogènes.
Dans l’après-midi, le calme est peu à peu revenu dans la capitale comorienne. Le corps de l’officier a été transféré dans son île natale pour y être enterré. Des funérailles qui ont été organisées en présence du président Sambi.
Le colonel Combo Ayouba, ancien officier de la police judiciaire, était un proche du mercenaire franco-comorien Bob Denard. Il a été formé par ce dernier dans les années 1980 avant d’intégrer la garde présidentielle. L’homme a participé aux multiples coups d’Etat dans l’archipel.
Pour l’heure, des zones d’ombres demeurent encore sur les circonstances entourant son assassinat. De source proche du dossier, l’on a appris que le colonel Combo Ayouba aurait été abattu à bout portant par un tireur professionnel dont on ignore pour l’heure l’identité.
D’autres hypothèses avancent que le colonel aurait été victime d’un règlement de comptes. En avril, le général Salimou Amiri, chef d’état-major, avait adressé une lettre au Président Sambi accusant le chef du cabinet militaire de la Présidence de préparer un plan pour l’éliminer. Et certains disent que le colonel Combo Ayouba, sans être cité nommément, était visé par le courrier en question. Quoi qu’il en soit, une enquête judiciaire est lancée afin de mettre la lumière sur cette affaire.