Les Comores font face à un manque criant de main d’œuvre qualifiée. Une situation qui pousse les entrepreneurs locaux à recruter à l’étranger au détriment des jeunes qui grossissent les rangs des chômeurs.
Lors d’une conférence organisée mercredi 19 mars, deux entrepreneurs comoriens ont tiré la sonnette d’alarme face au
manque criant de mains d’œuvres qualifiées auquel est confronté l’archipel.
La main d’œuvre technique et professionnelle qualifiée fait cruellement défaut aux Comores. De ce fait, les entreprises locales se tournent vers des pays étrangers pour trouver un personnel performant. Une situation qui aggrave les chiffres du chômage, alors que « 7 jeunes comoriens sur 10 seraient toujours à la recherche d’emploi », constate La Gazette des Comores.
« On est parfois contraint de prendre des étrangers. Ce qui est dommage, c’est qu’on arrive à trouver des nationaux compétents mais qui ne sont pas ambitieux et dynamiques. Certains se permettent de s’absenter ou de venir en retard un lundi au travail sous prétexte qu’ils n’ont pas trouvé de bus », affirme Hamidou Mhoma, le patron de Graphica imprimerie.
Au-delà de ce problème particulier, le Collectif des Associations Comoriennes pour l’Emploi attire l’attention sur l’absence d’une politique nationale de l’emploi et de la formation professionnelle, laquelle devrait permettre d’améliorer l’employabilité des jeunes et la compétitivité des entreprises.
S’adressant aux demandeurs d’emploi qui affluent sur le marché du travail, Chamssoudine Mzaouiyani, directeur général de Hashiri Consulting et Digital service, a quant à lui souligné que les entrepreneurs recherchent actuellement des « jeunes qualifiés et compétents ». « Quand on investit, on ne peut pas prendre le risque de recruter des jeunes qui ne sont pas performants et qui ne produisent rien. La performance ne peut pas s’atteindre sans une main d’œuvre qualifiée et qui peut créer une valeur ajoutée », déclare l’homme d’affaires comorien qui décide de rentrer au pays après avoir passé une trentaine d’années en France.
« Aujourd’hui, le pays manque de compétence dans le graphisme et le digital service. Les entreprises ont besoin de communiquer via le web et les réseaux sociaux. Les investisseurs vont apporter du travail dans les nouvelles technologies et auront besoin d’ingénieurs de l’informatique et de la communication », poursuit-il.
« On reçoit assez souvent des jeunes diplômés à la recherche d’emploi mais qui n’arrivent pas à dire ce qu’il peuvent apporter à nos entreprises. Il faut savoir mettre en avant ses qualités et compétences », soutient de son côté Hamidou Mhoma, qui incite les étudiants à mettre en avant leurs propres projets professionnels.
D’après La Gazette des Comores, qui relaie des données émanant du gouvernement, ce sont plus de 6.000 jeunes qui se retrouvent chaque année hors du circuit éducatif, et donc dans la rue, faute de diplôme. Officiellement, environ « 100.000 jeunes se retrouvent actuellement sur le marché de l’emploi sans qualification et sans expérience ».