Le taux de prévalence du paludisme a fléchi notablement aux Comores, sous l’effet d’un traitement de masse à l’Artequick et au Primaquine, deux médicaments antipaludéens mis en circulation depuis octobre dernier.
Le paludisme, longtemps considéré comme un fléau, est en passe d’être sous contrôle aux Comores. Lancée en octobre 2013, une campagne nationale d’élimination du paludisme, consistant à prescrire un traitement de masse à l’Artequick et au Primaquine, a en effet fait ses preuves au cours de ces derniers mois. Alwatwan révèle que le taux de prévalence du paludisme a décru sensiblement sur l’archipel.
« Du nord au sud, en passant par le centre de l’île de Ngazidja (Grande-Comore, foyer épidémique du paludisme), le constat est le même : le nombre de gens atteints par le paludisme est en chute libre depuis le début de la campagne de traitement de masse au mois d’octobre dernier ».
Le constat établi par le quotidien comorien a été confirmé par les centres de santé locaux, qui assistent aujourd’hui à la « quasi-inexistence de paludéens » nécessitant une prise en charge médicale ou une hospitalisation.
A Hambu, réputé être l’épicentre du paludisme, on enregistre actuellement moins de cinq cas, et ce, depuis le début de l’année, du jamais vu, note Alwatwan. Et « les cinq cas sont des adultes qui n’ont pas pris le traitement », précise Boinahidy Abdallah, major au Centre de santé de district à Mitsudje, qui fait allusion à la réticence de certaines personnes à prendre l’Artequick et le Primaquine, qui continuent pourtant de faire effet dans les hôpitaux et autres établissements sanitaires de l’île.
Selon le responsable comorien, il n’est pas rare de voir des adultes refuser de prendre ces deux médicaments antipaludéens, alors que « paradoxalement, ils en ont fait prendre à leurs enfants ».
En comparant les statistiques de ce début d’année à celles de 2013, l’efficacité de l’Artequick et du Primaquine ne fait pas l’ombre d’un doute. Pour preuve, de janvier à février, le centre de santé de Mitsudje n’a recensé qu’entre 118 et 133 cas, des chiffres bien en-dessous de la moyenne enregistrée habituellement dans cet établissement.
Deuxième plus grand hôpital de l’archipel, se positionnant juste derrière El-Maarouf à Moroni en termes d’affluence, le centre de santé de Mitsamihuli a aussi vu le nombre de cas de paludisme fléchir notablement depuis le début de l’année. Alwatwan rapporte que moins d’une dizaine de cas y ont été comptabilisés pour les mois de janvier et février 2014.
Le docteur Soulaimane Youssouf, médecin-chef, estime que « la baisse du taux de prévalence du paludisme est liée à plusieurs facteurs ». Outre le traitement de masse par l’Artequick et le Primaquine, la distribution gratuite de moustiquaires imprégnés d’insecticide a aussi joué un rôle non négligeable dans la prévention et la lutte contre cette maladie due à la piqûre de moustiques anophèles.
Dans le sud de l’île, plus précisément du côté du Centre médico-chirurgical de Fumbuni, le docteur Rahia Mmadi Soilihi explique que le taux d’incidence au paludisme a baissé considérablement, passant de 400 cas à moins de dix, peu après la première phase de la campagne d’élimination rapide du paludisme à la fin de l’année dernière. Et en janvier, seuls trois cas ont été répertoriés contre huit en février.
A l’heure actuelle, l’ensemble du personnel de la santé s’accorde à dire que « le paludisme est en phase de disparition ». Pour autant, la vigilance reste de mise.
Certes, le paludisme recule mais il faut « redoubler d’efforts et multiplier la prévention ainsi que la surveillance ». « A défaut, touts les efforts et les moyens déployés jusqu’ici pour l’élimination du paludisme n’auront servis à rien », averti le docteur Soulaimane Youssouf. A Mitsudje, Mitsamihuli et Fumbuni, les responsables incitent l’Etat et la population à « ne pas baisser la garde » et à « renforcer les mesures de prévention et de surveillance », conclut Alwatwan.