Un rapport multidisciplinaire a relevé des effets visibles du changement climatique sur l’archipel des Comores.
Le rapport de la deuxième communication nationale sur les Changements climatiques (CC) a été validé au ministère de la Production, de l’Environnement, de l’Énergie, de l’Industrie et de l’Artisanat par une cinquantaine de consultants comoriens. Les auteurs du rapport, issus de différentes disciplines, dont la santé, l’énergie, l’agriculture, le transport et la forêt, ont relevé les effets déjà visibles du réchauffement de la planète sur l’archipel des Comores.
S’inscrivant dans le cadre de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, leur document de 200 pages dresse l’inventaire des milieux « susceptibles d’être touchés, de près ou de loin, par les phénomènes du changement climatique », explique le quotidien Alwatwan.
Ont été observés notamment de sérieux problèmes environnementaux liés à la dégradation rapide des écosystèmes, dont les forêts ou les ressources marines et côtières. A également été évoqué un fléau très courant sur l’archipel comme l’exploitation à outrance des ressources naturelles. Le rapport énumère aussi d’autres problématiques telles que l’érosion des sols, l’alluvionnement croissant des eaux, l’exploitation des récifs coralliens pour extraire des matériaux de construction ou encore la mauvaise gestion des déchets…
« Des variations de températures et des précipitations auront un impact sur les ressources en eau, l’agriculture et la biodiversité », peut-on lire dans le document. Un autre constat qui a retenu l’attention des consultants comoriens concerne « le bois de chauffe qui reste, de loin, la source d’énergie la plus utilisée aux Comores (78% de l’énergie consommée), issue de la surexploitation de la biomasse ligneuse et les distilleries d’ylang-ylang ».
Le rapport montre également que les Comores ont encore un long chemin à faire en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et principalement du CO2. Selon Alwatwan, les énergies fossiles représentent actuellement 20% des sources d’énergies les plus utilisées par les Comoriens, notamment pour la production de l’électricité et dans les transports routier, maritime et aérien. « Le dioxyde de carbone (CO2) est, de loin, le principal gaz à effet de serre (Ges) aux Comores, avec 2.609.130 tonnes », souligne le quotidien comorien.
Sur le littoral comorien, les conséquences directes du changement climatiques se révèlent très alarmantes, selon toujours Alwatwan, qui relaie une élévation de 4 mm par an du niveau de la mer. Des impacts sont ainsi à craindre sur les ressources en eau, l’économie du pays et plus largement sur la société comorienne.
A l’horizon 2050, le niveau de la mer pourrait augmenter de 20 cm, insiste le rapport. « La zone littorale est ainsi exposée à des risques élevés de destruction ». L’érosion côtière, les pluies diluviennes et les inondations, qui s’accompagnent de coulée de boue ou glissement de terrain, la remontée des eaux océaniques - susceptible d’affecter plusieurs villages côtiers - auront des répercussions désastreuses sur l’ensemble des trois îles, Grande-Comore, Anjouan et Mohéli.
D’après le rapport, le changement climatique se fera aussi sentir sur la santé de la population. Les consultants comoriens insistent sur la montée en puissance des maladies non transmissibles, comme les maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires et celles affectant la peau, dues à la vague de chaleur, l’ozone ou le pollen.
Le secteur de l’agriculture, plus particulièrement la sécurité alimentaire, ne sera pas non plus épargné. « Face à un besoin croissant, la population est contrainte de modifier son comportement alimentaire vers des produits importés de moindre qualité », indique le document.
Parmi les propositions avancées, le rapport suggère au gouvernement local de créer « un centre qui serait dédié à la fois à une veille épidémiologique, microbiologique et entomologique (afin de) détecter suffisamment tôt les vulnérabilités pouvant exposer à des flambées de maladies mais aussi éviter les épidémies ».
Pour enrayer la pollution de l’air, le rapport propose que « des mesures politiques devraient être prises, notamment, pour l’amélioration de l’efficacité énergétique et de l’utilisation du bois comme énergie, le développement de moyens de transport moins polluants et le développement des systèmes améliorés de production végétale ».