Comme tant d’autres pays dans le monde, Maurice est touchée par la crise économique due au coronavirus. Pourtant, une crise financière majeure menace l’archipel.
Ces dernières années, l’île Maurice a été considérée comme des pays à hauts risques favorisant le blanchiment d’argent ou l’évasion fiscale, pour l’Union européenne. Cette hypothèse est devenue récemment une menace. Effectivement, le 7 juin dernier, l’inclusion de l’île Maurice à cette "blacklist" est devenue effective. Jusqu’ici, cette décision n’est pas définitive, mais l’urgence est réelle.
Pour les dirigeants mauriciens, une faible marge de manœuvre est encore possible, rapporte France Info. D’ailleurs, le dossier dans son ensemble sera repris par les spécialistes financiers de l’UE à partir de mercredi. Pendant trois jours, ils vont analyser et examiner minutieusement ce cas avant de maintenir ou non l’île Maurice sur la liste noire.
Si l’inscription est maintenue, les autorités mauriciennes auront 4 mois afin d’essayer d’infléchir l’avis des ministres de l’Economie des pays membres de l’UE, car l’inscription définitive sera dévoilée le 1er octobre 2020.
Marc Hein, Senior Counsel, président du conseil d’administration et fondateur de Juristconsult (cabinet d’avocats spécialisés dans la loi des affaires) a été interrogé par nos confrères de L’Express de Maurice. "Nous avons déjà souligné dans le passé que le ’blacklisting’ de notre centre financier est aussi dangereux que la crise de la Covid-19. Il y a des risques qu’un pan entier de l’économie disparaisse", a-t-il détaillé.
En effet, les services "offshores" des banques de l’île Maurice représentent 12 % du PIB. Selon lui, si la décision de l’UE est maintenue, elle aura des conséquences aussi dévastatrices pour l’économie de l’île Maurice que l’épidémie de Covid-19.
Le journal France Info informe que de nombreux décideurs évoquent les conséquences de cette inscription sur la liste noire européenne. Avec l’appui de la Hongrie, plus d’un espèrent que des négociations sont encore possibles. Toutefois, ceux qui évoquent l’inscription de l’île Maurice sur Groupe d’action financière sur le blanchiment d’argent (GAFI) sont rares.
Le quotidien Le Mauricien signale que ce document pèse lourd. Cependant, Charles Michel (président du Conseil européen) aurait fait comprendre que Maurice devra d’abord sortir de la "Grey list" de la "Financial Action Task Force", a-t-il indiqué à la suite des recoupements d’informations dans des milieux officieux. C’est seulement après que l’île puisse revenir frapper à la porte de Bruxelles.
>>> A lire aussi : Paradise Papers : l’île Maurice présentée comme un haut lieu de l’évasion fiscale en Afrique