Scandale à Maurice. Depuis quelques jours, des enregistrements téléphoniques mettant en cause des personnalités politiques ou encore de hauts cadres de la police sont diffusés. La réponse des autorités est pour le moins radicale. Tous les réseaux sociaux sont désormais bloqués dans l’île sœur, et ce, au moins, jusqu’au lendemain des élections législatives. L’opposition estime qu’il s’agit là d’un acte désespéré d’un régime en déroute.
À 10 jours des élections législatives, Facebook, TikTok et YouTube ne sont plus accessibles à Maurice. Tout a commencé avec la publication de conversations téléphoniques de politiques, de membres de la société civile, de diplomates, d’avocats, et de journalistes enregistrés à leur insu.
Ces enregistrements dévoilent des faits de corruption au sein du gouvernement. "En bande sonore, on entend le commissaire de police donner des directives au médecin légiste de la police pour lui demander de s’assurer que son rapport d’autopsie ne fasse pas état de brutalité policière", explique Nawaz Noorbux, directeur de Radio Plus.
Le gouvernement de Pravind Jugnauth se défend. Selon lui tout est faux, il s’agit de l’intelligence artificielle, mais plusieurs victimes auraient confirmé les faits. Derrière ces publications qui dérangent se cache un anonyme prénommé "Missié Moustass". Trois suspects ont été arrêtés. Pour l’opposition, couper les réseaux sociaux est une atteinte grave à la liberté d’expression.
"C’est une infraction à la section 12 de la constitution du pays. Je vois des vidéos circuler partout, je sais que la situation a déjà terni l’image du pays", indique Covilen Narsinghen, président de la Mauritius Global Diaspora (MGD).
"Bâillonner d’une façon si autocratique, on se sent comme si on était en Corée du Nord sous le régime de Kim Jong-un", estime Jean Sydney Pierre, secrétaire général adjoint du parti travailliste, candidat aux élections législatives.
Le gouvernement explique que le téléphone fixe du Premier ministre aurait été piraté. Selon lui, il est donc primordial de "préserver la sécurité nationale et l’intégrité du pays, ainsi que celles de nos partenaires internationaux".
La coupure devait durer jusqu’au 11 novembre, mais le gouvernement mauricien serait en train de rétropédaler et pourrait rétablir l’accès aux réseaux sociaux dès ce soir.
À lire aussi :
Maurice : les réseaux sociaux suspendus sur le territoire jusqu’au 11 novembre