Les paysages paradisiaques de l’archipel français de Wallis et Futuna, dans le Pacifique sud, se dépeuplent inexorablement. Chaque mois, des familles entières partent.
La situation démographique de ce territoire français du Pacifique est alarmante, commente le site actu.orange.fr. Nadia Kavakava, institutrice trentenaire qui a étudié quatre ans à Strasbourg constate : "Chaque année, on ferme des classes. Les jeunes sont obligés de s’expatrier parce qu’il n’y a pas beaucoup d’avenir ici. Les maisons abandonnées se multiplient. Des jeunes reviennent parfois après leurs études en métropole ou à Nouméa mais c’est au compte-goutte".
L’archipel, perdu au milieu de l’océan, est à 2 100 km à l’est de la Nouvelle-Calédonie. Il s’agit du territoire français le plus éloigné de la métropole qui se trouve à 22.000 km et l’un des plus atypiques. Trois pouvoirs y cohabitent : l’Etat, les monarchies coutumières, et l’église catholique, toute puissante.
Trois royaumes composent Wallis et Futuna : un à Wallis et deux à Futuna, doté chacun d’un roi et de "ministres". Rétribués par l’Etat, ils perpétuent les us et coutumes polynésiens, qui ont fusionné, depuis l’évangélisation en 1837, avec les croyances religieuses.
L’administrateur supérieur représente l’autorité de la France, en collaboration avec le Conseil du territoire où les rois siègent de droit. Vingt élus composent l’Assemblée territoriale, mais la réalité du pouvoir est entre les mains des familles royales et des prêtres.
Wallis et Futuna se dépeuplent, isolées et dépourvues de ressources. En dix ans, la population a diminué de 20% et ne s’élève plus aujourd’hui qu’à 12 197 habitants. Parallèlement, le taux de fécondité est passé de 4,5 enfants par femme en 1983 à 2,1, en 2013.
"Dans cinq ans, cet archipel est mort, des familles entières partent chaque mois. On crée 15 emplois par an à Wallis, les jeunes sont condamnés à l’exil", confie un commerçant d’origine métropolitaine. Sur les 2 155 salariés, 60% travaillent dans la fonction publique et semi-publique, où les salaires indexés sont confortables, tandis que le secteur privé, dominé par quelques commerces en situation de monopole, est sclérosé.
L’agriculture, la pêche et l’artisanat sont les activités de la majorité des habitants, créant une société fortement inégalitaire, aggravée par une fiscalité reposant uniquement sur les taxes à l’importation et aucun impôt direct.
Internet et TNT incitent en outre les jeunes, souvent lassés des impératifs de la coutume et de l’église, à partir : "On est tous sur Facebook, on y passe des heures pour faire des connaissance et parler avec la famille en France ou en Australie. C’est triste Wallis pour les jeunes et il n’y a pas de débouchés", lâche Lovaïna, en terminale dans l’unique lycée.
La France injecte chaque année 120 millions d’euros, dont une grande partie est consacrée aux salaires des fonctionnaires d’Etat détachés. Le Fonds Européen de développement (FED) octroie tous les cinq ans entre 10 et 15 millions d’euros mais l’économie ne décolle pas.
"L’organisation en place ne permet pas d’attirer les investisseurs car on ne peut pas acquérir de foncier. Il faudrait libérer du foncier", explique Michel Auboin, préfet dans l’archipel. Toutes les terres sont coutumières et sont souvent sujettes à des revendications contradictoires en l’absence de cadastre. Les projets s’en retrouvent paralysés.