Quelques jours après l’attaque au couteau à Londres (Royaume-Uni), les dirigeants britanniques ont annoncé qu’ils vont durcir la loi concernant les djihadistes.
Devant les députés, le ministre britannique de la Justice, Robert Buckland, a annoncé lundi 3 février, que le gouvernement anglais veut durcir la loi, après l’attentat au couteau, à Londres. Le journal 20 Minutes a rapporté que cette loi prévoit d’empêcher les libérations anticipées automatiques des condamnés pour "terrorisme".
"Nous allons introduire une législation d’urgence pour mettre fin à la libération anticipée automatique, sans contrôle ni vérification, de personnes condamnées pour terrorisme ayant effectué la moitié de leur peine", a annoncé le ministre. Il a également précisé que la demande de libération anticipée ne pourra être traitée que si le détenu a effectué deux tiers de sa peine. Dans ce sens, la liberté avant la fin de sa détention ne pourra être appliquée qu’après l’accord du comité de probation.
Sudesh Amman, 20 ans, avait été condamné à 3 ans et 4 mois d’emprisonnement, pour possession et distribution de documents djihadistes. Il a été libéré de prison après avoir purgé la moitié de cette peine et moins de deux semaines plus tôt. Dimanche 2 février, il a poignardé deux personnes, dans une rue commerçante de Streatham. Il a ainsi blessé un homme d’une quarantaine d’années et une femme d’une cinquantaine d’années, avant que la police ne l’abatte.
En deux mois, deux attaques de ce type ont été perpétrées à Londres. Celle du dimanche a été revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique. "Nous devons utiliser tous les outils possibles pour nous assurer que cette menace est neutralisée", a déclaré le ministre de la Justice à la Chambre des communes. Rappelons que l’attaque, effectuée par un djihadiste automatiquement remis en liberté conditionnelle, fin novembre, a fait 2 morts à London Bridge.
Outre l’interdiction de libération anticipée, le projet de loi prévoit également d’alourdir les peines pour les auteurs d’attentats, avec un minimum de 14 ans de prison pour les infractions graves. Ce texte, se concentrant sur la prévention de la récidive, doit être déposé prochainement au Parlement.
Toute cette situation a conduit le Premier ministre britannique, Boris Johnson, à promettre "des changements fondamentaux" dans le traitement des auteurs d’attentats. Lors d’une conférence de presse, il a indiqué ne pas vouloir revenir à un système nécessitant beaucoup de surveillance très, très laborieuse (...) quand une version carcérale peut se révéler meilleure. "L’anomalie que nous devons résoudre est le processus par lequel certaines personnes continuent d’être remises en liberté conditionnelle automatiquement sans aucun examen", a-t-il ajouté. A cette occasion, il a aussi estimé qu’il est "très difficile" de réhabiliter des islamistes.
Après cette attaque au couteau du dimanche, la police a signifié que dans le cadre d’une opération préventive, des éléments de son unité étaient sur place. Elle a ainsi indiqué que l’assaillant était surveillé, mais la députée travailliste de Streatham, Bell Ribeiro-Addy, a signifié que "si quelqu’un doit être surveillé par la police dès sa remise en liberté, cela signifie qu’il y a une raison suffisante de le maintenir en prison".
De son côté, le maire de Londres, Sadiq Khan, a annoncé sa colère à cause du manque de progrès dans la réalisation des changements, "promis en novembre par le gouvernement". Selon lui, "environ" 70 personnes condamnées pour "infraction terroriste" sont actuellement en liberté à Londres. "Une des questions que j’ai pour le gouvernement est de savoir ce que nous faisons avec ces quelque 70 personnes", s’est-il demandé sur ITV.
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