La famille d’Agnieszka T., enceinte de jumeaux, l’a qualifiée de dernière victime en date de l’interdiction de l’avortement en Pologne. Des organisations de défense des droits de l’homme sont également sorties de leur silence après le drame.
La loi restrictive sur l’avortement est entrée en vigueur il y a un an en Pologne. Depuis ce jour, il est strictement interdit de pratiquer une IVG dans ce pays ultra-conservateur sauf en cas de viol, d’inceste, ou lorsque la vie ou la santé de la mère sont en danger. Toutefois, le cas d’Agnieszka T., décédée le 24 janvier dernier dans un hôpital de Czestochowa, a suscité une vive polémique. Dans un message publié sur Facebook, les proches de la victime affirment qu’elle est la dernière victime en date de l’interdiction de l’avortement dans le pays. Elle a succombé à une septicémie, après s’être vu refuser une interruption de grossesse durant plusieurs jours, ont-ils déploré.
Enceinte de jumeaux, la jeune femme de 37 ans, déjà maman de trois enfants, a été admise à l’hôpital le 21 décembre pour des vomissements et des douleurs abdominales. L’un des fœtus est mort deux jours après, mais les médecins n’ont pas voulu pratiquer l’avortement. "Le choix a été fait d’attendre, car il y avait une chance de sauver l’autre fœtus", a expliqué l’hôpital dans un communiqué relayé par le site polonais Onet repris par Franceinfo. Une semaine plus tard, le cœur du second fœtus a cessé de battre et les médecins sont finalement intervenus. Entre temps, l’état de la santé de la mère de famille s’est dégradé. Elle a fait un arrêt cardiaque le 23 janvier, mais a pu être réanimée. Le même jour, elle a été testée positive au Covid-19. La trentenaire est finalement décédée deux jours plus tard à l’hôpital voisin de Blachownia où elle a été transférée.
L’opposition et les associations féministes ont rapidement haussé le ton après la mort d’Agnieszka. Une manifestation est prévue mercredi devant la Cour constitutionnelle à Varsovie. Une enquête est en cours à la demande du parquet de Czestochowa qui a également demandé une autopsie du corps de la jeune femme, a souligné le quotidien polonais Gazeta Wyborcza. De leur côté, des organisations de défense des droits de l’homme ont estimé, dans un communiqué commun publié mercredi, que la loi sur l’avortement avait "eu un impact dévastateur sur la vie des femmes". Ces ONG ont notamment dénoncé l’explosion des obstacles extrêmes auxquels sont confrontées les femmes qui veulent mettre un terme à leur grossesse.
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